Cette maison, située au bout de la rue Gaston Wateau, est une construction a priori datant du milieu du XVIIIe siècle (on peut dater d’après les singeries peintes dans une pièce du bas), sans doute vers 1750.
Le parc est immense, il représente une superficie d’environ 3,5 hectares.
A) Depuis le XXe siècle :
Depuis 2007, la maison appartient à un avocat parisien, M Henry Page et son épouse Karine.
Auparavant, le Clos appartenait à M et Mme Hartmut Kiock, lui étant allemand, natif de Dusseldorf.
Il travaillait pour une société bancaire internationale et partageait son temps entre la Chine, les USA, l’Allemagne et la France.
Ils ont fait très peu de travaux dans la maison.
Précédemment, ce sont les Chambord, qui possédaient le domaine.
A cette époque, une plaque commémorative de demeure historique a été posée sur la façade du Clos. Les Chambord ont alors organisé une belle réception dans le parc où se sont réunis le maire et ses conseillers, le curé, le notaire et quelques amis et voisins.
Avant eux, les Pastor avaient acquis la maison du Clos, ils venaient de vendre leur maison d’Ermenonville.
Artiste peintre dans le genre Art Déco, mais ayant peu de succès, Monsieur Pastor s’était mis à travailler dans l’imprimerie d’art. Finalement patron d’une entreprise d’imprimerie d’art, il a sympathisé avec beaucoup d’artistes peintres, graveurs, poètes et autres, et a eu l’occasion de connaître le succès et faire fortune.
Ils ont entrepris beaucoup de travaux, restauré en particulier les boiseries à singeries du salon, rétabli la petite tour derrière la maison, restauré la fontaine du jardin, débouché des souterrains et embelli le parc devant la maison et autour de la fontaine d’un statuaire à la manière de Maillol que Monsieur Pastor avait lui-même sculpté prenant son épouse comme modèle.
Il avait fabriqué des girouettes à la tête de Licorne, qu’il a fait placer à différents endroits sur les toitures de la maison. Même toutes les poignées des portes étaient des bronzes coulés puis ciselés par sa main. Elles représentaient des corps de femmes, de jeunes garçons et des chats étirés.
Madame Pastor, ancienne institutrice, aimait le parc et le jardin où elle passait des journées entières. Elle était persuadée que son potager était celui de l’ancien monastère Saint-Martin, disparu aux invasions normandes.
Avide d’histoire, d’art et de belles Lettres, Monsieur Pastor avait par sa profession beaucoup de relations dans le monde des artistes. Il avait quelques dessins originaux que Cocteau lui avait offerts.
Le père Speybroeck a rencontré chez eux Jean Marais, le compagnon de Cocteau, qu’ils avaient un jour invité avec d’autres amis potiers. Monsieur Pastor avait plusieurs poteries et plats faits par Jean Marais, ainsi que des dessins de Cocteau dont deux dessins offerts au couple Pastor et qui ornaient les murs de leur salle de séjour.
Quand Monsieur et Madame Pastor ont vendu le Clos, ils sont partis à Uzès où ils ont acquis une maison du XVI° siècle, classée monument historique, au milieu de la ville. Cette fois-ci ils ont choisi » petit et sans trop de parc et jardins à entretenir. «
Les précédents occupants étaient Madame Cavalière et Monsieur Jean Lefèvre qui acquirent la maison pour en faire leur habitation principale tout en gardant leur appartement à Paris où Madame avait un magasin d’antiquités et où son compagnon, le comédien Jean Lefèvre, exerçait sa profession.
La maison grouillait de meubles estampillés et de bibelots de valeur. Chaque année, pendant l’été, ils organisaient une réception au Clos et dans le grand salon ils offraient une pièce de théâtre et de la musique à leurs invités. Madame Cavalière disait continuer ainsi à sa façon le salon littéraire de Madame Pèlegrin au XIXe siècle.
Elle y invitait quelques amis, des notables du pays et des voisins.
A ce moment-là fut tourné le film » Pattes de velours » [telefilm pour A2 de Nelly Kaplan en 1985] au Clos, avec Arditi, Bernadette Lafont et Michel Bouquet.
Madame Cavalière aimait les fleurs et avait fait restaurer la serre ce qui lui permettait d’inonder la propriété de toutes sortes de fleurs à chaque saison.
La serre a été restaurée par l’entreprise EIFFEL.
B) Le XIXe siècle :
Au XIXème siècle, Précy semble avoir été un lieu privilégié où la qualité de vie attirait les bourgeois et les artistes de Paris.
En 1830, Mme Pèlegrin est propriétaire du Clos. Sa fille, Alexandrine, est la mère de Jules Gaillard, baptisé à Précy en 1839. Celui-ci va travailler au Ministère des Affaires Etrangères, secrétaire du Ministre sous Thiers, à partir de 1868. Il revient par la suite sur Précy, sera conseiller général, puis député pendant 20 ans.
Précy fut pendant quelques années un lieu de repos et de villégiature très aimé par Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804-1869), écrivain et fameux critique littéraire du XIXème siècle français. Celui-ci vint régulièrement y retrouver son ami Viguier, ancien inspecteur général de l’Université, qui mourut à Précy en 1867.
On sait que Madame Pellegrin — de son nom de jeune fille, Marie-Alexandrine Laureau— l’accueillait en 1832 en sa propriété « Le Clos ».
Sainte-Beuve, était resté très lié au père de Jules Gaillard, Alexandre, son ancien professeur au Collège Bourbon (aujourd’hui le lycée Condorcet), trouva ainsi une raison de plus de venir à Précy.
Un jour que la fille de Madame Pellegrin se trouvait à Précy en même temps que Sainte-Beuve elle le pria de lui écrire un poème. Sainte-Beuve lui fit un sonnet, le premier d’une longue série de poésies de vers composés à Précy, qui forment une grande partie de son recueil des « Pensées d’août », publiées en 1837 à Paris. Le recueil commence ainsi par le poème dédié à Alexandrine-Pétronille Gaillard-Pellegrin.
C’est à Précy que Sainte-Beuve rédigea « Les causeries du Lundi ».
En 1835, il emportait tous ses livres et notes sur Port-Royal pour y travailler à Précy dans le calme poétique de la demeure du Clos où il avait sa chambre attitrée. Il rentrait tous les quinze jours à Paris faire provision de textes, livres et revues sur Port-Royal. Son « Port-Royal », un véritable monument, sera l’œuvre de presque toute une vie de recherches. Bien des chapitres ont été rédigés à Précy.
C’est encore chez Madame Pèlegrin, qui aimait organiser des salons littéraires, que Sainte-Beuve rencontra Alfred de Vigny qu’il devait critiquer sournoisement dans la « Revue des deux Mondes » et dans ses « Portraits Contemporains ».
Le poète prit alors ses distances avec lui. Malgré cela, les poètes Alfred de Vigny et Alfred de Musset se sont plusieurs fois retrouvés avec Sainte-Beuve chez Madame Pellegrin.
Les anciens du pays racontent que l’œil-de-bœuf de la maison du Clos donnant sur le clocher de l’église est celui d’où le poète Alfred de Musset vit « la lune comme un point sur un i» sur le clocher de Précy endormi [dans le poème « Ballade à la lune »].
L’œil de bœuf a été bouché par M Pastor, il était au 1er étage, afin de transformer la pièce en bibliothèque.
Alfred de Musset revint à Précy en compagnie de George Sand.
C’est au cours d’un dîner, probablement un soir du mois de juin 1833, que Sainte-Beuve avait organisé pour réunir ses collaborateurs de la « Revue des deux-Mondes », qu’Alfred de Musset et George Sand, tous deux associés à la Revue, se sont trouvés placés l’un auprès de l’autre. On sait que George Sand avait fait de Sainte-Beuve son « confident » qu’elle appelle aussi son « confesseur ». Elle lui avait écrit qu’elle ne voulait pas de Musset pour succéder à Jules Sandeau comme rédacteur à la Revue, mais il fut avec elle « spirituel et charmant comme il savait l’être ». A la fin de la soirée, ils étaient amis.
Tout porte à croire que le passage de George Sand avec Alfred Musset à Précy s’explique dans le contexte des séjours de Sainte-Beuve dans le domaine du Clos.
C’est en souvenir de cet événement que le Maire de Précy, Pierre Bessey, a baptisé l’école maternelle : « Ecole George Sand » en 1969.
Un article du recueil « Précy au fil de l’eau » raconte en détail ces anecdotes sur la demeure » Le Clos « .
Ci-dessous quelques cartes postales anciennes du lieu :