La Révolution à Précy – 4ème partie

La Prévôté de Précy

Archives de la Prévoté
« Aujourd’hui, septième jour de la troisième décade du mois brumaire de l’an second de la République Française une et indivisible périssable, en l’assemblée des maires et officiers municipaux de la commune de Précy-sur-Oise, il a été arrêté que seraient déposés au greffe de la municipalité dudit Précy, tous les registres, minutes et sentences provenant de la ci-devant Prévoté dudit Précy … »
Suit l’énumération de ces documents, puis l’énumération des liasses,
16 liasses de 1684 à 1699
15 liasses de 1700 à 1744
12 liasses de 1715 à 1726
9 liasses du greffe des années 1727 à 1735
15 liasses de 1736 à 1748
12 liasses de 1749 à 1760
14 liasses de 1761 à 1771
20 liasses de 1772 à 1780
29 liasses de 1781 à 1789, etc… plusieurs pièces séparées ou individuelles de minutes et de sentences.

Saint-Pierre

Ventes
Le 30 Frimaire de l’an II, vente des pierres et croix du cimetière pour deux livres quinze sols.
Vente des pierres et croix Saint-Pierre moyennant la somme de douze livres.
Vente des pierres et la croix du grand pré pour dix-huit livres quinze sols.
Vente des pierres et la croix du Havre pour dix-huit livres quinze sols.

Le chirurgien – apoticaire et pharmacien
Apprenant la fermeture des facultés de médecine jugées inutiles et se voyant méprisé par certains comme un privilégié du savoir, il ferme sa boutique mais exerce « son art » en secret à la grande satisfaction de l’ensemble de la population.

Remise de fusils
Cejourd’hui, second nivôse de l’an second… Le maire et officiers municipaux ont fait remise de vingt-huit fusils au citoyen Pierre Henneguy, un fusil numéroté 8, au citoyen Thomas Cœuderoy un fusil n° 28, au citoyen Carré un fusil n° 16, au citoyen Prévost un fusil n° 44, au citoyen d’Haugeranville deux fusils n° 37 et 38, à la citoyenne Veuve Lahure, un fusil n° 29, etc…

La litre de Montmorency

Comptes et règlements
« Cejourd’hui quartidi, quatre nivôse de l’an second… il a été délibéré et discuté sur son mémoire d’ouvrages faits par le citoyen Blochet et Honoré Jousselain, relatifs à l’ouverture des caveaux dans l’Eglise, la démolition des croix, la destruction des armoiries et signes du régime féodal et autres objets détaillés dudit mémoire, montant d’ une somme de cent soixante douze livres dix sols. Il est arrêté que le citoyen Champion, trésorier de la commune est autorisé à payer aux dits citoyens Blochet et Jousselain la somme de cent trente cinq livres à laquelle ledit mémoire a été réduite, ce qui a été accepté par Blochet et Jousselain et à sa charge le graveur et payer le citoyen qui a travaillé avec eux pour ladite démolition ».

Déprêtrisation
« Le neuf nivôse de l’an second… s’est présenté Pierre Colasse lequel nous a déclaré que le 12 du mois dernier il a remis au Directoire du District de Senlis ses lettres de prêtrise et autres pièces relatives delaquelle déclaration nous lui donnons acte et a signé avec vous ».
De Neuilly – Maire – Laurent – Pierre Colasse – Champion.

Crime de « Lèze-Nation »

Les moissonneurs

« Cejourd’hui, deux pluviôse de l’an second de la République, l’agent national a pris la parole et dit qu’ il requiert la plus prompte exécution de la réquisition faite par le directoire du district… relatives à l’approvisionnement de Paris, requiert séance tenante la répartition… »
Chaque cultivateur de la commune doit contribuer à fournir une masse de cent cinquante deux quintaux de blé demandés par décade jusqu’au 11 ventôse au ler mars – requiert la municipalité et sallures (?) s’il y a assez de batteurs pour fournir la réquisition aux époques prescrites et de prendre des mesures pour en fournir auxdits cultivateurs… Il demande que la municipalité prenne des mesures pour qu’à chaque séance on lui rende compte du grain battu et qu’à chaque décade l’envoi de la réquisition soit constaté au greffe.
Citoyens, obéïssons avec zèle. Ne sommes-nous pas assurés de la sollicitude que la Convention Nationale engage pour tous les citoyens ? Il s’agit d’assurer le triomphe de la liberté et le salut de la République et nous sommes tous bons républicains. La loi nous rend responsables sur nos têtes à la moindre négligence de cette réquisition importante, d’un crime de lèze nation… Je demande la transcription de mon réquisitoire sur le registre.
Signé : Alexandre Berthier – Agent national, de Neuilly. Maire.

Pierre héraldique de St Gelais

Réquisition
La guerre coûte cher à la nation qui est au bord de la famine. tout devient sujet de réquisition.
La commune devra fournir 16 000 bottes de paille, 3 327 bottes de foin, 80 chevaux, 159 vaches, 715 moutons… selon le recensement.
Le marché de Précy n’est plus approvisionné faute de fourrage. Certains cultivateurs ont du vendre ou abattre des bestiaux. « Étant donné la pénurie de grains, il a été arrêté que mercredi prochain, jour du marché au bled, chaque boulanger de la commune sera tenu de remettre entre les mains du citoyen maire, l’ état des citoyens auxquels ils ont fourni du pain depuis le dernier marché… »

Plus de signe féodal ou royal
Le 21 Pluviôse de l’an deux, « il a été délibéré et arrêté que les citoyens de ladite commune qui ont dans l’intérieur ou sur les bâtiments de leurs maisons des seigneuries, les ci-devant féodaux ou porteurs d’armoiries ou autres signes de la royauté ou du régime féodal sont tenus d’ effacer et faire disparaître les titres et les armoiries sous peine de désobéissance à la loi…»


Une pierre armoriée

Les armoiries sont celles qui figuraient dans la tour hexagonale du château de Précy que Louis de Saint-Gelais, dit de Lusignan, fit reconstruire au XVIème siècle. Il portait écartelé au premier et au quatrième d’azur à la croix alaisée d’argent, qui est de Saint-Gelais et au deuxième et au troisième burelé d’argent et d’azur des dix fasces, au lion de gueules, armé, lampassé et couronné d’or qui est de Lusignan.
Pendant la guerre de Cent ans, le château féodal construit au Xème siècle par Philippe de Précy, fut assiégé par les Anglais. En 1430, le roi Charles VII,les fit déloger par le Maréchal de Boussac qu’il envoya à Précy en expédition punitive. La plupart des Anglais étant tués les autres furent contraints de se rendre. La forteresse fut démolie. Il en subsiste les fondations, la salle des gardes et les fossés entourant le Château.

Jean de la Brosse, seigneur de Boussac

Louis de Saint-Gelais, conseiller du roi, fut un grand personnage de la Cour de France. Il occupa la plus haute fonction auprès de la reine Catherine de Médicis. « Comme ambassadeur extraordinaire il représenta plusieurs fois Henri II en Angleterre. Il fut également envoyé en mission auprès du Pape Julles II en 1552, représenta encore Henri II à Rome en 1555 à l’ occasion du Conclave et fut délégué comme ambassadeur au Concile de Trente ». Malgré cela, il était très attaché à sa seigneurie de Précy. Il fit construire la nef gothique de l’église qui avait souffert de l’incendie provoqué par les Anglais durant la guerre de Cent Ans. Il résida souvent à Précy dans le château de style Renaissance qu’il avait fait construire sur l’emplacement des fondations de l’ancienne forteresse médiévale.
Ce château et la seigneurerie de Précy passèrent à la maison de Montmorency Ceux-ci étaient baillis et gouverneurs de Senlis. Ils résidaient plus souvent à la cour de Versailles qu’à Précy. Rien d’étonnant de voir leur désintérêt grandissant pour Précy. Faute d’entretien, le château de Précy tomba de vétusté au début du XVIIIème siècle. Emigrés en Belgique, les Montmorency vendirent leur Seigneurie et château. A la révolution, le nouveau propriétaire fut délogé et les bonnes pierres du château furent récupérées par les habitants du pays pour construire leurs maisons. C’est ainsi qu’un jour de 1851, pendant les travaux de translation du cimetière sur la colline de Neuilly, Monsieur Batelier découvrit la grosse dalle sculptée représentant les armoiries des Saint-Gelais. Elle était retournée et couchée sur le grand fossé séparant le cimetière du château. On passait dessus sans se rendre compte qu’elle était si belle. Monsieur Batelier demanda à la Commune d’acheter la pierre sculptée pour la maison qu’il étai en train de construire dans la grande rue. On la lui donna pour rien.
André Malraux

André Malraux

C’est ainsi que cette magnifique pierre héraldique aboutit dans le mur de la maison des Batelier. Lorsqu’André Malraux fut Ministre des Affaires Culturelles, il vint un jour à Précy pour essayer de récupérer la pierre, mais cela semblait difficilement réalisable à ce moment là. Madame Batelier me la proposa pour mettre dans l’église. J’ai peut-être eu tort de ne pas l’accepter. A vrai dire, je la voyais plutôt sur la façade de la mairie. J’en parlais au maire Monsieur Bessey qui envoya Madame Gérardot pour acquérir la pierre pour l’hôtel de la mairie de Précy.
Entre temps, Madame Batelier mourut. La pierre héraldique qui servit de modèle à celle qui figure dans la tour hexagonale du château reconstruit selon les dessins de Viollet le Duc, est toujours là encastrée dans le mur de la maison du n° 67 de l’actuelle rue Charles de Gaulle.


Le maître d’école – 6 juillet 1791

Deux étoles


Louis Sébastien Landru, maître d’école à Précy perd sa fonction car les maîtres d’école sont interdits. Du coup, il n’a plus de quoi vivre car son traitement lui était versé par le Duc de Montmorency et celui-ci a émigré en Belgique.
Le citoyen Landru adresse une requête dans laquelle il supplie humblement messieurs les Présidents et citoyens du Directoire du District de Senlis ; et disant : « qu’en sa qualité de chantre depuis plus de dix-sept ans qu’il demeure en ladite paroisse de Précy, il a toujours aidé par son chant les chapelains deladite église à acquitter les fondations des anciens seigneurs dudit Précy, lesquelles fondations consistent
1 – en une messe solennelle et salut du très Saint Sacrement tous les premiers jeudi de chaque mois.
2 – en des matines avec laudes et Libera à la fin tous les dimanches et Fêtes d’ obligation.
3 – en une messe haute et vêpres et complies chaque jour de l’année que lesdits chapelains ont toujours acquittés ce jusqu’à présent pour le repos des âmes desdits anciens Seigneurs, disant encore que pour ses honoraires et pendant ledit temps il lui a été payé chaque année par Monsieur de Montmorency ci-devant Duc et Seigneur dudit Précy, la somme de cinquante livres de la manière et ainsi qu’il est expliqué dans un contrat de fondation qui fait mention de cinq cent livres de rente, savoir quatre cent livres en faveur desdits Chapelains, cinquante livres en faveur de la fabrique de ladite église et cinquante livres en faveur d’un chantre avec les charges énoncées. Lequel contrat a été remis sous récépissé par Monsieur l’abbé Colasse, un des Chapelains de ladite église aux Messieurs… du directoire du district. A ces causes il a recours à votre autorité, à votre justice et à votre bienfaisance.
Ce considéré Messieurs, il vous plaise, malgré la suppression desdites fondations à l’acquit desquelles il aurait désiré aider toute sa vie, lui accorder chaque année pour son traitement ladite somme de cinquante livres de la manière et ainsi qu’il est expliqué audit contrat de fondation, et il priera bien pour vous et pour les anciens Seigneurs dudit Précy.
Fait à Précy-sur-Oise, le six juillet mil sept cent quatre vingt onze ».
Signé : Landru.

L’école maternelle de Précy

Sa requête est appuyée par le curé, le maire et la fabrique d’église
« Nous, curé, maire et officiers municipaux de ladite paroisse de Précy-sur-Oise, certifions à tous ceux à qui il appartiendra que la présente supplique des autres faitscontient vérité dans tout son détail en foi de quoi nous avons signé à Précy-sur-Oise ce sept juillet mil sept cent quatre vingt onze ».
Signé : Le vasseur, Maire
Le Rebergue
Boutrois
Gréhan
De Launoy, Curé.

Une salle de classe autrefois …

Réponse du Directoire
Vu par nous, administrateurs composant le directoire du district de Senlis, le mémoire présenté par Louis Sébastien Landru maître d’Ecole de la paroisse de Précy-sur-Oise et chantre de la ci-devant collégiale dudit Précy par lequel il expose que depuis dix sept ans il est chantre de la dite Eglise Collégiale aux gages de cinquante livres par an qui lui étaient payées par le ci-devant Seigneur de Précy, fondateur de ladite Eglise, et demande qu’il lui soit accordé un traitement annuel de cinquante livres.
Vu aussi l’avis de la municipalité de Précy qui sur ce le Procureur Syndic, le Directoire considérant que le nommé Landru de maître d’ Ecole de la paroisse de Précy, que cette place doit lui produire les secours nécessaires à sa subsistance, en conséquence estime qu’il n’y a lieu de lui accorder ce traitement annuel qu’il demande mais seulement une gratification de cinquante livres une fois payée.
Délibéré à Senlis ce onze juillet mil sept cent quatre vingt onze.
Signé : illisible, Thérouenne, Laurent, du chaufour, et Leblanc.
Le citoyen réussit quelques temps après à être engagé par la municipalité de Précy comme Secrétaire Greffier. C’est lui de son écriture fine et régulière qui rédigera les actes et rapports de tous ordres dans les deux registres des délibérations municipales qui nous restent aux archives communales de Précy.

Petit décadaire instruction publique (1794)

Le 16 Pluviôse de l’an second de la République, les gouvernants lancent un appel aux Candidatures de maîtres d’école et à l’ouverture des Ecoles. Il est vrai que depuis de nombreux mois les enfants étaient livrés à eux-mêmes. Ne venant déjà que trois à quatre mois à l’école pendant l’hiver, leur instruction laissait beaucoup à désirer.
« Le 21 Pluviôse de l’an second de la République, le citoyen Louis Sébastien Landru résidant en notre commune, lequel en conséquence du décret de la convention nationale relatif à l’instruction publique en date du 29 Frimaire a déclaré qu’il avait l’intention d’ouvrir une école et de se livrer à l’instruction de la jeunesse et se propose de leur enseigner à lire, écrire, compter et les principes de l’arpentage et de la géométrie et de se conformer aux lois réglementaires qui ont été et qui seront données par la suite et sanctionnées par la Constitution…  A cet effet ledit citoyen Landru nous a présenté un certificat de civisme à lui délivrer parle Conseil Général de la commune et a signé Landru.
Sur quoi après qu’il en a été délibéré… il est arrêté que ledit citoyen Landru est autorisé à ouvrir une école avec des livres pour l’enseignement à commencer du premier ventôse prochain à la charge pour lui de se conformer aux lois et faire à la municipalité sa déclaration du nombre d’enfants et de pupîtres qu’ils sont tenus d’envoyer envers l’ école et du nombre en personnel des instituteurs qu’ils choisiront. Ce présent arrêté sera publié et affiché, vingt trois Pluviôse du présent mois du marché ».

La place de l’église

Le lendemain, Madeleine tinette Le Cœur fait elle aussi sa déclaration et est autorisée elle aussi à ouvrir une école à partir du premier Ventôse prochain. Pour aider Landru à arrondir ses fins de mois, le maire De Neuilly et les officiers municipaux de Précy, le choisissent plus tard pour « balayer ou faire balayer le temple de l’être suprême et la Chambre de la maison commune la veille de chaque décadi et des fêtes… et il lui sera payé trente livres ».
Après six mois d’école, Landru est découragé et s’en explique au maire et aux officiers municipaux. Ils décident alors « le dix Fructidor… attendu qu’à partir du premier Fructidor du présent mois, le citoyen Landru a cessé son école primaire parce qu’à cause des travaux de la moisson, les citoyens envoient leurs enfants soit à la moisson soit à glâner et que ces travaux ne seront point encore fini ; Il a été arrêté que l’école primaire est suspendue depuis le premier du présent mois et ne reprendra que le premier Vendémiaire prochain ».
Signé De Neuilly, Maire
C’est dans l’Hôtel-Dieu de Précy, dit La Charité, que se faisait l’école primaire. Landru a également sauvé les reliques de l’église du brasier que les révolutionnaires vandales avaient allumé dans le cimetière. Nous trouvons sa belle signature romantique au bas de presque tous les actes rédigés dans les registres des délibérations municipales.

Intérieur d’une ferme de Précy


Fraudeurs et suspects
Les registres pullulent de rapports sur les fraudes, les vols et les violences.
« Cejourd’hui quatre ventôse de l’an second… le citoyen Theuret, cultivateur au lieu de vendre son beurre sur le marché le vend dans sa maison… il a été dénoncé d’avoir vendu du beurre hier au citoyen d’Haugeranville… Il est arrêté que dorénavant sous peine d’être dénoncés comme suspects, les denrées doivent être vendues sur le marché ».

Temple de la raison et de l’union
« Cejourd’hui dix-sept ventôse de l’an second… il a été arrêté que le citoyen agent national nous autorise de faire mettre à l’extérieur du temple de la raison, cette inscription ‘Temple de la Raison et de l’ Union’ et à faire placer les faisceaux des départements surmontés du bonnet de la Liberté d’après le dessin qui sera présenté par le District qu’il jugera le plus convenable à cet effet et il a aussi autorisé de prendre dans l’ intérieur du temple les bois et fers dont ils ont besoin ».

L’ancienne mairie


La première mairie
« Cejourd’hui vingt ventôse de l’an second… il a été exposé par le citoyen maire qu’il n’y a dans la commune aucun autre logement possible d’occuper pour les écoles primaires que la maison dite ‘La charité’, qu’il n’y a point non plus des logements à occuper à servir de maison communale que le ci-devant presbytère, que les assemblées de la municipalité se tiennent dans une petite chambre en rez-de-chaussée dépendante de la maison dite de Charité, qu’une autre chambre est préoccupée à faire un corps de garde à quoi qu’ elle sert maintenant et qu’enfin, il n’y a point dans la commune d’autre édifice pour servir de temple de la Raison que l’ancienne église – sur quoi il a été délibéré et arrêté que les administrateurs du Directoire du District seront invités à autoriser la municipalité à s’ emparer de la maison dite ‘La Charité’ pour y faire tenir les écoles primaires, à faire servir de corps de garde la petite chambre au rez-de-chaussée dépendant de la maison de charité, (et) à s’emparer également du ci-devant presbytère pour y tenir les assemblées de la municipalité et enfin de disposer de l’ancienne église pour servir à l’avenir de Temple de la Raison et la demeure de la maison communale et à vendre les bancs, boiseries et autres objets de peu de valeur… et que le prix doit être employé à l’entretien dudit temple, et à d’autres dépenses nécessaires pour l’entretien… » .
Signé : De Neuilly, Maire – Champion, Delaunoy,
Decaux, Levasseur, Laurent et Landru S.G.

Divers
Le dix ventôse l’an deux, vu la pénurie de blé, le maire achète 690 livres de grains pour l’approvisionnement de la commune en difficulté.
Le trente ventôse l’an deux, il sera annoncé « au son de la caisse qu’une assemblée aura lieu Décadi prochain du mois Germinal à onze heures du matin dans le local du ci-devant presbytère » pour décider des secours à donner ou envoyer aux familles des défenseurs de la Patrie qui sont dans le besoin. On signale dix familles.

La petite porte
« Cejourd’hui quintidi germinal de l’an second… le maire est autorisé… de faire ce qui est nécessaire et de la manière qu’il jugera convenable, dans le temple de la Raison, et prendre à cet effet et faire employer les boiseries de la ci-devant église ce qui sera nécessaire à faire. Aussi arranger le corps de garde et à faire percer une porte sur la rue et prendre aussi les bois nécessaires… ».

Secours populaire
Le citoyen Charles Devinoy de cette commune est dangereusement malade depuis environ six semaines et il « a des plaies qui faute de linges font craindre la gangrène ». Il est père de deux enfants et se trouve dans la plus grande indigence. « L’Agent National entendu, il a été arrêté qu’il serait pris dans le coffre de la ci-devant Charité, deux chemises et quelques linges qui seront portés au dit citoyen et qu’une note de ces objets sera déposée dans le coffre… ».

La charrette ou retour de la fenaison

Atelier de salpêtre
Il sera incessamment établi dans la commune un atelier pour le salpêtre. La maison de la citoyenne Veuve Legros est requisitionnée « Elle sera tenue de souffrir ledit établissement ».

Sacrés bestiaux
Le 19 Germinal l’an second… « on a observé que les bestiaux de quelques citoyens vont gaillardement paître dans le ci-devant cimetière ce qui occasionne des querelles dans la commune qui a délibéré et arrêté qu’ elle venderait l’ herbe par adjudication au plus offrant et dernier enchérisseur ».
Le lendemain, l’herbe fut adjugée pour 35 livres au citoyen Gilles Decaux.
Peu après se produit un différent entre Précy et Gouvieux à propos du « Marais Dozay ».

Grappes de raisin

« Malgré les lois qui font défense aux cultivateurs de faire paître leurs bêtes à laine dans les pâturages aux herbes et auxquels est fait défense verbale et par écrit à la commune de Gouvieux, les cultivateurs de ladite commune de Gouvieux ne cessent de faire paître leurs bêtes à laine dans les marais Dozay… que particulièrement au jour d’hier le citoyen Lemaître a aperçu dans le marais Dozay des bêtes à laine de la commune de Gouvieux il s’est transporté dans le marais et a reconnu la citoyenne Severine Berge… qui faisait paître un troupeau de bêtes à laine… »
Les citoyens Lemaitre et Chefdeville les ont chassés et porté plainte. Quelques jours après, plusieurs citoyens ont manifesté leur désir d’avoir une assemblée générale pour savoir au juste quel sera le partage qui sera fait des différents lots appartenant à la commune en particulier en ce qui concerne le grand pré et la place du Gavre et dépendances.
Défense est faite de faire paître des bêtes dans le terrain appelé le grand pré et celui appelé de la Place du Havre. Plus tard, ces terrains sont répartis en lots mais il est précisé que les arbres plantés sur la place du Havre seront vendus au profit de la commune et que l’avoine semée sur le terrain du Havre sera vendue au profit de la commune.

Réquisitions
On signale à plusieurs reprises la difficulté d’approvisionner le marché de Précy. Il s’en suit des réquisitions chez les cultivateurs. Il y en a qui se dérobent mais ils risquent des « peines rigoureuses au maximum ». C’est ainsi que Louis Pierre Levasseur, Joseph Benan et Jean Gautier sont sommés au nom de la loi de déposer au marché la quantité de blé qui a été requis de fournir faute de quoi ils seront déclarés « suspects ».

Sentinelle auprès des tonneaux

A propos de la réquisition des cochons, l’Agent National a précisé « qu’à l’avenir on ne reçoit que du cochon gras âgé d’un an » comme « il n’y en a point dans notre commune… il a été arrêté que la réquisition… n’aura point d’effet ».
Le quatorze florial de l’an second, nouvelle réquisition de chevaux avec charettes ou voitures, de bateaux chargés de foin et d’avoine.
Peu de temps après, on réclame la contribution mobiliaire, puis un nouveau recensement suivi d’une réquisition de luzerne, foin, paille, lentilles… mais aussi des chevaux et mulets encore existants dans la commune. Le duc de Montmorency envoit un acte d’abandon de quatre chevaux. Les boulangers n’ont plus de grains… On confisque des fourrages et des grains chez les fraudeurs. Plusieurs procès verbaux sont dressés pour « le trop perçu » sur les vivres de première nécessité. L’Agent National exige restitution du trop perçu. Un des boulangers de Précy vend le pain de 12 livres à 31 sols et l’autre à 38 sols.
La commune en difficulté demande autorisation au Directoire du District de Senlis des Conseils pour conserver la récolte des vignes appartenant au citoyen Louis Florent Delaunoy ci-devant curé de Précy. Il est question également « d’un demi muid de vin qui se trouve dans la cave du ci-devant presbytère et qui pourrait dépérir attendu l’état de détention dudit Delaunoy … »
Comme l’administration fait la sourde oreille, le maire décide de la vente de la récolte et du vin, par adjudication au plus offrant.
Une singulière réquisition est celle d’un gendarme de la 29ème division résidant à Senlis et « en courses il est arrivé à l’instant dans la commune de Précy… et son cheval est tombé sur lui, ce qui semble être l’effet de la fatigue ». Il requiert aussitôt un cheval dans la commune invoquant « sa responsabilité de faire des visites ».

L’amour du vin

Pose des scellés sur la cave du ci-devant presbytère

Cejourd’hui quatorze Messidor de l’an second de la République Française une indivisible et impérissable en l’assemblée des maires et officiers municipaux de la commune de Précy-sur-Oise, l’agent national présent après qu’il en a été délibéré, il a été arrêté qu’il sera représenté à l’administration du directoire de Senlis que les scellés ont été posés par la municipalité sur la cave étant dans le local du ci-devant presbytère, que depuis d’autres scellés ont été apposés par le citoyen Despretz, membre de l’administration, lequel a emporté la clef de la dite cave et comme il est intéressant de veiller à la conservation d’un tonneau de vin qui est dans la dite cave et qui pourrait se perdre, les cerceaux du dit tonneau pouvant venir mauvais, il sera demandé à l’administration une autorisation à la municipalité de Précy pour lever les dits scellés, faire mettre le dit tonneau en état, pour les dits scellés être ensuite reapposés par la municipalité.
   

Vase de la compagnie d’arc

Le jeu d’arc
Le citoyen Jean Lefèvre, capitaine de la compagnie d’Arc à Précy était invité à remettre entre les mains du maire de la commune, « le livre des délibérations ». Ce fut l’assemblée législative qui prit un décret concernant ces compagnies d’Arc.
« Le dernier tir à l’oiseau avait eu lieu en mai 1791 et le Roy fût Jacques Tellier et la compagnie d’Arc avait assisté pour la dernière fois à la messe de Saint Sébastien en janvier 1792. Les archers durent donc cesser de fréquenter le jeu d’Arc, mais auparavant, la statue de saint Sébastien (bois polychrome 1754) et les vieux trophées avaient été retirés du jeu, ainsi que les documents de l’Archerie qui proviennent de l’Evêché de Soissons. L’Evêque de Soissons était et est toujours par tradition Grand Maître de l’Archerie ». (Jean Demay)
Toujours est-il que le jeu d’Arc fut confisqué et « le 20 brumaire de l’an trois de la République… il a été procédé à la vente au plus offrant et dernier enchérisseur des pierres du ci-devant jeu d’Arc de la commune de Précy et après qu’ elles ont été enlevées par le citoyen Louis Gabriel Legrand à 25 livres, par le citoyen Chefdeville pour 26 livres, par le citoyen Blochet à 27 livres, par le citoyen Pierre Aubin moyennant la somme de 38 livres, ladite somme sera tenu de payer dans la huitaine à compter de ce jour entre les mains du citoyen Champion, trésorier, et à la charge en outre de payer les droits d’ enregistrement de la présente adjudication… »

Les tilleuls de la Révolution

Les tilleuls de la révolution à Précy en 1934

Le 20 brumaire l’an trois… la commune décide « qu’il sera demandé un arbre à chaque chef de famille pour planter sur le jeu d’Arc et le surplus des tilleuls seront plantés sur la place du marché… »

Arbres de la Fraternité, de la Liberté et de l’Egalité, ils sont encore là, fidèles témoins des événements passés.