RENCONTRE FRANCO-BELGE

Carte des peuples de Gaule


En accueillant nos amis Belges, nous voulons nous rappeler que la plaine des Flandres, peuplée dès le Néolithique, et située entre l’Artois, les Ardennes et l’embouchure de l’Escaut, fut en 51 de notre ère, conquise par Jules César qui l’intégra à la Province de Gaule-Belgique avec au nord Tournai et plus au sud Reims, respectivement comme cités de la première et seconde Belgique. Des peuples très divers comme les Bataves et Ménapiens au nord ou les Morins et les Nerviens plus au sud habitaient cette province. Amiens, Noyon, Metz et Trèves se situent alors en Belgique.

La campagne contre les bellovaques

En parlant des Belges, Jules César relate dans  » La guerre des Gaules  » qu’ils comptent parmi les peuples les plus courageux qu’il a rencontrés. Les Flamands, les Amiénois, les Rémois comme les Bellovaques ont toujours considéré que cela les concernait en premier. Les Bellovaques revendiquent haut et fort cet éloge en invoquant quatre lieux stratégiques, découverts par les archéologues et historiens, où Jules César répartit ses quatre légions lorsqu’il combattit victorieusement les Bellovaques au Mont César de Bailleul sur Thérain près de Beauvais. Parmi ces lieux citons le Mont César de Nampcel, camp de Beaulieu, le camp de César à Catenoy près de Clermont et le Mont César à Gouvieux face à l’île de Toutevoie d’où le général envoya des détachements de Cavalerie pour reconnaître la situation des ennemis (Louis Graves).

Baptême de Clovis par St Rémi

Les récentes fouilles archéologiques à Précy ont mis à jour au MARTRAY, face à l’île de Toutevoie et au Mont César, un tertre avec sépulture Gallo-Romaine qui peut également être interprété comme dédié à MARS, dieu romain de la guerre.
Au IIIe siècle, des peuples germaniques envahissent la Gaule et se mêlent aux Francs. Parmi eux, il y a les Sicambres dont le plus célèbre est Clovis, roi des Francs-Saliens à Tournai, qui conquiert les Soissons, les Alamans, les Burgondes et les Wisigoths pour devenir le fondateur de la Monarchie Franque et le roi de toute la Gaule.
Lorsqu’en 498 à Reims, Saint Rémi baptisait Clovis en disant :  » Courbe doucement la tête (fier) Sicambre, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré « , il ne se doutait certainement pas qu’à partir de cette date la destinée religieuse, politique et sociale de l’Occident se développerait sans cesse jusqu’à engendrer une conscience Européenne.

Blason des Haverskerke
Sceau de Guy de Dampierre

D’autres événements ont marqué notre histoire commune. En 1096, Jean de HAVERSKERKE, chevalier de la Châtellerie de Cassel en Flandre devient par mariage, Seigneur de Précy. Cette antique et illustre Maison de Flandre a donné plusieurs Seigneurs à Précy et fourni des grands baillis à Gand, Bruges, Courtrai, Cassel et Ypres. On trouve les armoiries de HAVERSKERKE sur le socle de la Vierge en l’Église de Précy. Elles sont combinées avec celles de la Maison Rouvroy de Saint-Simon.
Un autre événement nous rappelle que Guy de Dampierre, Comte de Flandre, dernier des grands feudataires, avait choisi le camp Anglais avec qui les drapiers flamands faisaient un commerce florissant. Le mouvement communal se renforça. Les grandes cités comme Bruges, Gand, Arras, Douai et Lille obtiennent des Chartes d’affranchissement.

Tombeau de Philippe le Bel

En 1297, Philippe le Bel, roi de France, le prit fort mal et finit par capturer le Comte de Flandre et le garder prisonnier. C’était compter sans la fierté des Flamands, dont les droits légitimes se trouvaient bafoués par l’occupation Française.
En effet par les accords du  » dit de Péronne  » le roi Louis XI avait en 1256 accordé la Flandre au Comte de Dampierre.
La guerre avec l’Angleterre, la tentative de blocus maritime et l’abcès de fixation en Flandre où les services Français d’occupation exaspéraient la population, aboutirent à une révolte qui se traduisit par un célèbre massacre qui dura trois jours appelé «  Matines de Bruges  » à cause des sonneries (de la cloche) de matines qui furent le signal d’attaque.

La bataille de Courtrai

Fou de rage, Philippe le Bel décida de sévir contre les rebelles. Il leva une armée de cinquante mille hommes confiés à Robert d’Artois. Le 11 Juillet 1302, les Français se heurtèrent aux Flamands dans la plaine de Courtrai. Ce fut une défaite écrasante et humiliante pour le roi de France et ses vaillants cavaliers qui n’avaient pas compté avec les marais où les chevaux s’embourbaient. Le Seigneur de Précy y trouva la mort. Il fut tué d’un coup d’épée pendant que son cheval s’enfonçait dans le marais. A lui comme aux autres Chevaliers, on enleva ses éperons d’or. On les voit encore suspendus comme trophées à la voûte de l’Église Notre-Dame de Courtrai. Son fils, Philippe de Précy, lui succéda. Sénéchal de Lille et gouverneur des frontières de Flandre, il était parmi les cinquante vaillants chevaliers qui accompagnaient Guillaume de Juliers, petit-fils du Comte de Flandre, lorsque ce dernier allait implorer la grâce du roi de France après le massacre de Bruges et la défaite à Courtrai. (La bataille des éperons d’or 1302)

Tapisserie de Beauvais

Le Seigneur de Précy était également présent à la victoire de Cassel le 23 Août 1328 ainsi qu’à la défaite du roi de France le 26 Août 1346 à Crécy en Ponthieu.
On ne saurait également oublier qu’en 1664, Colbert, ministre de Louis XIIII, fit venir nombre de tapissiers Flamands d’Oudenaerde pour créer la Manufacture Royale de la Tapisserie à Beauvais. De nos jours, bien des verdures Flamandes décorent les demeures de bourgeois privilégiés de la Picardie et d’Ile de France.
Un autre épisode qui marque également notre lien avec les Flamands est la Campagne des Flandres lancée par Louis XIV pendant la guerre de Dévolution contre l’Espagne (1668), à l’issue de laquelle la France acquiert une partie notable de la Flandre.

La ville de Deynze

C’est le Seigneur de Précy, le Maréchal duc de Montmorency Luxembourg, qui est nommé à la tête de l’armée des Flandres. Pendant la Campagne dans les Flandres, le Maréchal s’installa à Deynze sur la Lys à quelques kilomètres de Gand où se trouvaient les Espagnols. Les soldats du Maréchal ont laissé un triste souvenir à Deynze. Les vols, le pillage et les incendies se sont multipliés au cours de la Campagne. Les déprédations opérées dans les églises et les monastères ainsi que les violences exercées sur les habitants provoquèrent l’indignation du Maréchal qui exigea réparation et restitution des biens volés. De Deynze il se dirigea avec ses troupes sur Gand et campa au Château de Zwÿnaerde aux portes de Gand. Il avait réquisitionné cette résidence d’été des évêques de Gand pour s’y installer avec son état major et y préparer l’attaque de l’ennemi. Sa victoire sur les Espagnols aboutit à la division de la Flandre.

Que reste-t-il aujourd’hui de la Flandre d’autrefois ? Celle du néolithique, celle de la Gaule-Belgique, de la Francie jusqu’à la domination Autrichienne en passant successivement sous l’autorité Romaine, Franque, Espagnole, Française et celle des Pays-Bas de Guillaume d’Orange ? En 1830, ces  » États Belgiques Unis  » proclament leur indépendance.

Léopold Ier

En 1831, la Belgique actuelle fut créée de toutes pièces et placée sous l’autorité du Roi Léopold Ier de Saxe Cobourg, marié en 1832 à Marie-Louise d’Orléans, fille du roi de France, au Château de Compiègne.
De la Flandre désormais coupée en trois, il reste : la Flandre Française (Lille), les Flandres Belges (Bruges et Gand) et la Flandre des Pays-Bas.
Quel mélange de peuples marqués par tant de manœuvres politiques, guerrières, religieuses ou économiques dont la vitalité, le courage et la fierté ne se sont jamais démentis au cours des siècles !