Paroisse Saint-Louis

Le sacre de Saint-Louis


Le 26 mai 1996, quarante cinq paroisses nouvelles ont été érigées par notre évêque Monseigneur Guy THOMAZEAU. Ce nouveau découpage du diocèse s’impose tant à cause de l’âge et la diminution des prêtres que pour mieux répondre et s’adapter aux nécessités de la vie ecclésiale et sociale d’aujourd’hui. Chaque paroisse nouvelle a un nouveau titulaire. La Paroisse de Précy qui compte trois communautés, celles de Boran, Blaincourt et Précy, portera désormais le titre de Paroisse Saint Louis, comportant trois lieux de culte et un Prieuré ; l’Eglise Saint Pierre et Saint Paul de Précy, l’Eglise Saint Vaast de Boran et l’Eglise de la Nativité de Marie de Blaincourt.
Pourquoi Saint Louis ? jusqu’au douzième siècle, la seigneurerie de Précy comportait les paroisses de Précy, Boran, Morancy, Blaincourt, Gouvieux, Lamorlaye, Asnières.

L’abbaye de Royaumont

En 1228, le roi Louis IX, résidant à Asnières dans son fief de Beaumont relevant du diocèse de Beauvais, voulut un lieu de prière et de recueillement proche de sa résidence. Connaissant le dénuement des religieuses Bénédictines de Boran pour lesquelles l’évêque de Beauvais, avait fait appel à la charité publique, le roi proposa aux religieuses d’acquérir leurs terres peu rentables sur le territoire de Cuimont – maintenant appelé Royaumont – pour y construire une abbaye confiée aux Cisterciens, afin de prier pour le repos de l’âme de son père, Louis VIII qui lui avait laissé une forte somme pour réaliser ses dernières volontés.
En échange, le roi leur proposa des bonnes terres, des avantages en nature et une somme de 50 livres 15 sols pâtissés. La transaction fut conclue, approuvée et confirmée en Octobre 1228 par l’évêque Milon de Beauvais. Hugues de Boran, seigneur de la ville, clerc et chantre de Bayeux, lui aussi se dessaisit en faveur des religieuses des revenus qu’il avait dans le dimage de Boran. L’Abbaye de Royaumont devint le lieu de prédilection où le roi vint se recueillir quand il était dans le bailliage de Beaumont, son fils, le jeune prince héritier Louis, mort en 1260, sera inhumé en l’abbaye qui deviendra nécropole des enfants royaux n’ayant pas régné.

Vitrail de Saint-Louis

Vincent de Beauvais, dominicain encyclopédiste, natif de Boran et familier du roi, composa lors à l’intention du roi une  »  Epitre de Consolation  » ; chef d’œuvre médiéval du genre avec le sermon de consolation de Saint Bernard sur la mort de son propre frère.
Ce Vincent de Beauvais, surtout connu pour  » le miroir de l’histoire  » (1244) était prieur aux jacobins de Beauvais lorsque le roi l’appela en 1246 pour être son lecteur à Royaumont.
Dans une société qui jusqu’alors n’avait pas fait grand cas de l’enfant, Vincent de Beauvais, réfutant les critiques envers Louis IX sacré roi à Reims à l’âge de douze ans, écrit un ouvrage  » De l’éducation des enfants nobles  » où il fait un éloge appuyé de l’enfance, en valorisant le rôle important qu’un enfant peut jouer jusqu’en politique.
Il s’appuie sur l’exemple du jeune David et de Josias qui avait huit ans quand il commença à régner. (I Samuel XVI 11 et II Rois XXII, 1).

Louis IX dit Saint-Louis

Saint Louis aurait été l’étudiant occasionnel de Vincent de Beauvais. Ce dernier écrit en 1260  » Lorsque j’habitais au Monastère de Royaumont pour y exercer la fonction de lecteur, vous écoutiez de ma bouche humblement, avec respect pour Dieu, la parole divine « . Les historiens relatent que Saint Louis  » venait parfois à l’école et s’asseyait au pied du maitre qui faisait la leçon et il l’écoutait diligemment « . On dit qu’il était passionné de prédication. (cité par J. Le Goff. E 590).
Nous retenons à tort les croisades comme principale action de Saint Louis. Même si, dans le temps, elles recouvrent une période assez longue de sa vie, l’important est sa vie quotidienne. Il est le type du laïc selon l’Evangile, marié à 19 ans selon les coutumes royales de l’époque, il est un époux plein de tendresse et de prévenances, un père attentif à élever ses onze enfants en vrais chrétiens, un Chef d’Etat soucieux de justice et de Paix. Il vivait sa foi humblement, au jour le jour, assistant chaque jour à la messe là où il se trouvait. Homme de prière, il était également assidu dans le service des pauvres et des malades. Un petit vitrail en l’église de Boran, représente Saint Louis, donnant la communion à un malade.

St Louis rendant la justice

On sait que les croisades sont la grande aventure dévotionnelle des chrétiens du XIIIème siècle. C’est aussi la grande expérience religieuse de Saint Louis. A partir de la première expédition, on remarque un changement dans son attitude. Il renonce au luxe vestimentaire et à l’ostentation alimentaire. Sa vie sera désormais une longue pénitence et une préparation au grand Passage. En 1247, il lance une grande enquête à travers le royaume au sujet des abus commis par les officiers royaux pendant les croisades. Une Ordonnance de 1254 fixe les modalités pour mettre fin à ces abus. Il refuse également de manquer de Parole aux sarrasins, ce qui était pourtant de bon ton et habituel.
Quand, en 1247, on conseille à Saint Louis de confisquer les usures des juifs pour contribuer au financement des croisades, il refuse d’utiliser pour une fin aussi sainte des biens malhonnêtement acquis. Sa législation anti-usuraire et la série de mesures prises contre les juifs démontrent son sens de la justice.
Guillaume, seigneur de Précy, partit à la 6ème croisade avec neuf autres chevaliers aux frais de Mathieu de Montmorency, retenu en France par le Roi. C’est là également un lien avec Précy. Une chapelle est dédiée à Saint Louis en l’église de Précy au lendemain de sa canonisation en 1297. Un vitrail et un tableau, tous deux classés, lui sont également consacrés. Une vierge en pierre du XIIIème provenant de l’abbaye de Royaumont se trouve en l’Eglise de Précy. Un ferme dite  » de Royaumont  » et appartenant à l’abbaye et sise à Précy fut vendue en 1791 à Jean Tardu, notaire de Précy.
Les historiens du XIXème siècle ont prétendu que le règne de Saint Louis est entaché par l’Inquisition. Les médiévistes actuels démontrent le manque de fondement et de preuves de telles affirmations révisionnistes.  » On aurait tort de se représenter Saint-Louis comme un homme patient et doux. Il avait le caractère vif, parfois emporté ; jaloux de son autorité, il la fit sentir aux prêtres autant qu’aux nobles. Mais personne ne craignit d’avantage de faire tort à son prochain. Ce respect du droit d’autrui, idéalisé en vitrail par la figure du roi rendant la justice, sous le chêne de Vincennes, est un trait caractéristique, unique dans l’histoire violente du moyen-âge « . (Duc de Castries – Histoire de France. Paris Lafont 1971- P 107)

Philippe III le Hardi

Milon de Nanteuil, évêque de Beauvais qui entra en conflit avec le jeune roi de 19 ans devait s’en souvenir. Ne fit-il pas pour rendre justice, assigner 1500 Beauvaisiens à résidence, jeter en prison 150 coupables et raser les maisons d’habitation des quinze meneurs ? Il tint tête également au Pape. Ni l’interdit ni l’excommunication papale réussirent à le faire changer de conduite. Il avait autant horreur de la médisance, de la flatterie et de l’adulation que de l’injustice et du mensonge.
Défenseur de la Foi Chrétienne, défenseur des petits et des pauvres, il reste un exemple pour nos temps modernes où la Foi chrétienne est tant attaquée, où l’injustice et les affaires politiques et sociales éclaboussent tous les partis et toutes les classes sociales. Nous nous sentons proches de Saint-Louis qui a imposé la monnaie unique tout comme il a imposé sa justice royale en faisant reconnaître le droit d’appel au roi. Durant son règne, la monnaie sera stable parce que la frappe royale (le sous Parisis) se substitua au monnayages des espèces seigneurales ou épiscopales, désormais interdites. Avec Saint Louis, il n’y avait pas de service militaire obligatoire. Il n’y avait que des volontaires. C’est son fils Philippe le Hardi qui eu le premier l’idée d’un service militaire obligatoire. C’est également sous Louis IX que se marqua enfin la distinction entre l’Hôtel du roi ou maison privée, et la Cour que nous appelons aujourd’hui le gouvernement.
C’est un organisme très particulier qui tient à la fois du Conseil d’Etat moderne, de la Cour de Cassation et de la Cour des Comptes. On a vu en elle avec raison l’origine du futur Parlement de Paris.

St Thomas d’Aquin

Sous son règne, l’art gothique connaît son apogée. Beaucoup de nos cathédrales et de nos modestes églises de campagne sont de cette époque ou ont des éléments gothiques de cette époque. Ce grand mouvement des arts est soutenu par un grand mouvement d’idées. Paris devient le centre de la pensée autour de maîtres tels qu’un Albert le Grand, Thomas d’Aquin et Robert de Sorbon, fondateur de la Sorbonne. C’est dans le Beauvaisis que le roi trouva son plus prochain conseiller juriste : Philippe de Beaumanoir, Bailli de Vermandois qui rédigea le célèbre traité sur les  » Coutumes et usages de Beauvaisis « . Un de ses grands financiers fut également du Beauvaisis : Jean de Hétomésnil. (Prés de Crèvecoeur le Grand).
Oui, les liens qui nous rattachent à Saint-Louis sont innombrables et il aurait été regrettable qu’aucune des paroisses nouvelles ne lui soit dédiée.