SURVOL RELIGIEUX


L’An 2000 est, pour les chrétiens, la célébration jubilaire de la naissance de Jésus-Christ à Bethléem en Judée. Précy semble avoir été christianisé à l’époque Gallo-Romaine peu après l’arrivée de Saint Lucien, premier évêque de Beauvais vers la seconde moitié du troisième siècle.

Jusque-là, on adorait des arbres, des fontaines, des dolmens ou menhirs appelés « pierres aux fées ».
La première preuve d’une vie chrétienne à Précy nous est fournie par un manuscrit de Vandemire, seigneur Franc du pagus de Chambly dont la  » villa  » de Précy dépendait Il est daté de 690, 17ème année du règne de Thierry III.
Vandemire et son épouse Ercamberte font don de ce territoire agricole à l’abbaye de Saint Martin en Isle de France, dont Farulfus était Abbé. Le document précise que les donateurs y avaient leur sépulture de famille. C’est ce que les deux sarcophages devant l’église actuelle évoquent symboliquement.

Une autre charte de Charles le Chauve, datée de l’an 861 parle également de l’abbaye de Saint Martin de Précy. On peut en conclure que la première invasion des normands avait épargné le monastère, alors qu’après le Xème siècle nous n’avons plus de traces du monastère, ce qui laisse à croire que la communauté chrétienne de Précy subit la terreur des Normands. L’Obituaire de la cathédrale de Beauvais nous apprend qu’en 972, Hillegarde évêque de Beauvais et propriétaire de la  » villa  » ou ville de Précy, meurt et lègue cette seigneurerée au Chapitre Cathédral de Beauvais.
L’histoire de l’église actuelle nous fait comprendre qu’il y avait à Précy, comme en toute l’Europe entre le XIème et XIIIème siècle, une vie chrétienne intense. Cela explique la construction de la première église à cinq nefs à la fin du XIIème et début du XIIIème siècle. De style gothique primitif ou de transition, elle fut construite à l’endroit où s’élevait autrefois un lieu de culte celtique. C’est à Philippe de Précy que nous devons ce premier édifice dont il nous reste le chœur actuel avec son chevet plat percé d’un triplet surmonté d’une rose à onze lobes qui est unique au monde.
Les pèlerinages et les croisades en terre sainte ont également séduit les seigneurs et les chrétiens de Précy. Deux d’entre eux y ont participé. Philippe de Précy, à son retour de la 1ère croisade en compagnie de Roger II, évêque de Beauvais a rapporté des reliques, dont une parcelle de la croix du Christ, encore conservée en l’église aujourd’hui.
Guillaume de Précy (1219) a participé à la 6ème croisade avec neuf autres chevaliers. Nous n’avons rien au sujet de la vie chrétienne au moyen âge à Précy mais tout porte à croire qu’elle s’écoulait autour des seigneurs dont l’église était la nécropole. L’Hôtel Dieu ou Charité de Précy est un témoignage, disparu à la révolution, de cette foi et de cette charité des seigneurs envers les pauvres et les malheureux. Leur souci des orphelins, des vieillards et des malades s’accompagnait d’une ambition sociale, puisqu’ils ont soutenu de leurs largesses l’Eglise qui créait des écoles pour filles et garçons et organisait l’enseignement scolaire avec un  » écolâtre  » payé par les paroissiens jusqu’à la Révolution.

Pendant la guerre de cent ans (XVème siècle), l’église fut incendiée et démolie par les Anglais. Louis de Saint Gelais, fils naturel du roi François ler, et seigneur de Précy, fit construire en gothique flamboyant, trois nefs et le clocher de l’église. A l’époque de la Terreur, l’église subit le vandalisme révolutionnaire. Le culte continua dans la clandestinité jusqu’à ce que Napoléon le rétablit en 1802. Ce fut alors une véritable explosion, une renaissance de la vie chrétienne et la restauration de l’église saccagée. Au cours de ce XIXème siècle, l’église s’embellit de vitraux, de nouveaux autels et d’un autre dallage. Elle s’enrichit de nouvelles cloches, de calices, ostensoirs et burettes en vermeil ainsi que de magnifiques ornements sacerdotaux brodés sur drap d’or. En 1851, le cimetière entourant l’église est transféré sur la route de Neuilly. En 1899, les religieuses de la Compassion font une fondation à Précy. Elles apportent des soins aux malades et s’occupent des catéchismes et du patronage qui fut encore florissant sous l’abbé Finot. (1950)
En 1905, c’est la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Une nouvelle vague d’anticléricalisme déferle sur le pays, confisquant une deuxième fois les biens de l’Eglise : écoles, hôpitaux, orphelinats, hospices pour personnes âgées, tout est sous tutelle de l’État et les communautés de religieuses et religieux sont interdites.
Après quelques années, ne pouvant faire face – par manque de personnel qualifié – aux besoins de l’enseignement public et dans les hôpitaux, l’Etat fait de nouveau appel au personnel et aux religieux de l’Eglise qui reprend une certaine place dans l’enseignement désormais appelé  » libre  » ou  » privé « , ainsi que dans les hôpitaux reconfiés aux religieuses et aux religieux revenus de leur exil. Précy connaît ainsi la laïcisation de ses écoles. Le seul témoignage qui subsiste est l’inscription  » École Saint Joseph  » au-dessus de la porte d’entrée de ce qui est actuellement la salle Paroissiale.
Le vingtième siècle est aussi marqué par les deux grandes guerres mondiales ; celle de 14-18 et celle de 40-44. Il est à remarquer qu’en temps d’épreuve et de guerre les gens se tournent plus volontiers vers Dieu et l’Eglise. Précy subit un bombardement et perdit un bon nombre de jeunes hommes à la guerre. Un courant religieux patriotique traverse alors le pays. L’Abbé Feutrel et les paroissiens ont oeuvré pour soulager le sort des prisonniers de la dernière guerre, par l’envoi de colis. Une plaque mortuaire apposée contre le mur de l’église témoigne de la prière pour les soldats tombés au champ d’honneur.

La libération de 1944 comporta un certain nombre de règlements de comptes parfois patriotiques mais également des vengeances personnelles contre les collaborateurs de l’ennemi ou contre ceux qui ont profité du marché noir pour s’enrichir. Depuis 1995, le Jumelage avec une commune Allemande invite à tourner la page. Ce jumelage avec Hütschenhausen a commencé par un concert à l’église et un serment aux accents chrétiens – PAIX, UNITÉ, FRATERNITE.
Quand le 11 octobre 1962, le Pape Jean XXIII va ouvrir le concile VATICAN II, les chrétiens sont consultés et contraints à faire un examen de conscience en Eglise. A-t-on suffisamment réagi contre le formalisme, le racisme, le matérialisme, l’intolérance, l’ignorance religieuse ? … Le concile demande aux chrétiens de s’ouvrir au monde, de ne pas être des consommateurs mais des acteurs responsables ; de ne pas se contenter de  » dire  » qu’on est chrétien mais de l’être vraiment dans toutes les dimensions de sa vie personnelle, familiale, professionnelle et sociale. Un laïcat chrétien surgit autour de prêtres-ouvriers, autour de chrétiens engagés dans l’Action catholique spécialisée des milieux ouvriers, indépendants, commerciaux, intellectuels, militaires… On a l’impression de passer d’une Eglise de dévotion à une Eglise d’action. Le Concile apporte un renouveau dans sa façon de s’adresser au monde. La liturgie est désormais dans la langue du pays et l’aménagement des églises vise à une plus grande proximité avec les fidèles. L’Abbé Meunier prendra l’initiative du réaménagement de l’église. Il supprima les grilles du chœur ainsi que tout ce qui était fatras ou nuisible à une célébration sobre et proche des mentalités modernes. En 1979, d’importants travaux dans le sanctuaire ont permis avec des matériaux anciens de faire un autel face au peuple avec des matériaux en pierres et marbres anciens.
Un synode diocésain pour l’application des directives conciliaires fut organisé par Mgr Hardy. C’est à nouveau des réunions et un examen de la situation de l’Eglise locale. A la suite de ces colloques, inventaires et statistiques, nous avons dressé un bilan et publié les résultats dans un volumineux dossier remis à l’évêque lors de sa visite pastorale en Avril 1988 où il fut reçu à la mairie de Précy avec les Maires de Boran et de Blaincourt.
Aujourd’hui il y a moins de pratiquants mais plus de chrétiens engagés. Ils animent la vie associative, sociale et politique. Cela ne va pas toujours sans difficultés. A plusieurs reprises des chrétiens de sensibilité politique ou religieuse différente vivent des conflits qui dégénèrent parfois en violences verbales devant l’évêque Mgr Desmazières venu apaiser les chrétiens désunis.

Les catéchismes repensés selon les méthodes pédagogiques actives sont de la responsabilité des familles chrétiennes sous l’autorité d’un prêtre. Les chrétiens visitent les malades et les personnes âgées, de la clinique des Lierres, de la maison de retraite  » les Lys  » ou à domicile. Ils leur portent la communion s’il la désirent. Les enterrements, n’étant pas un sacrement, sont parfois célébrés par les Chrétiens laïcs. Un conseil Pastoral s’interroge à dates régulières sur l’action des chrétiens dans la société et dans l’Eglise. On parle beaucoup de gens qui se font musulmans ou bouddhistes. On parle rarement de l’inverse qui est aussi vrai. Une jeune fille de famille bouddhiste à Précy s’est fait baptiser et confirmer et chaque année des adultes et des jeunes en âge scolaire demandent le baptême ou la communion. Les recommençants qui renouent avec la pratique religieuse ne sont plus rares.
Si on a moins de prêtres et de vocations religieuses, on a plus de Chrétiens engagés et militants. L’antenne du Secours Catholique et la campagne annuelle contre la faim et pour le développement sont éloquents en ce domaine de la solidarité à Précy.
Au cours de ce siècle, quatre jeunes filles se sont fait religieuses ; Sœur Suzanne Delporte, Sœur Madeleine Loir, Sœur Michèle Coeurderoy et Sœur Héloïse Foucray. Un homme est devenu religieux chez les Maristes ; Frère Paul LOIR et un autre, Mgr Maurice Carneau, Frère de Madame René GUILLIER, est devenu prêtre et vicaire général de Beauvais.
Ce siècle a vu passer huit curés à Précy
– L’Abbé Joseph Lemaire : 1897-1927
– L’Abbé Georges Feutrel : 1927-1943
– L’Abbé Étienne Finot : 1943-1953
– L’Abbé Jean Gilson : 1954-1955
– Mgr René Bellanger : 1955-1958
– L’Abbé Robert Meunier : 1958-1973
– L’Abbé Eric De Wandel : 1974-1979
– L’Abbé Carlos Speybroeck : 1979

L’Abbé Feutrel et l’Abbé Finot sont inhumés à Précy.
Ce tableau n’est pas sans ombres. Après le Concile (1965), certains chrétiens n’ont pas accepté ou pas compris les réformes catéchétiques ou liturgiques et ont quitté l’Eglise sur la pointe des pieds ; d’autres l’ont fait bruyamment. Une troupe scout n’ayant pas l’encadrement légal, ne reçut plus de mandat du curé et de son Conseil Pastoral. Un chef-scout indépendant de Neuilly en Thelle les a pris sous son aile et baptisés  » scouts de Saint Bernard « .
Environ 50 % des enfants baptisés ne vont pas au catéchisme. Une minorité arrête l’enseignement catéchétique après la première communion mais plus de la moitié de ceux qui ont fait leur profession de foi suivent encore les deux années de formation avant leur confirmation. L’An dernier, il y avait cinq adultes à la confirmation. La recherche et la formation en église est pleine d’espérance mais reste l’affaire d’une minorité qui à travers des formations théologiques, bibliques, catéchétique etc… approfondissent leur foi. Pour d’autres, si la recherche existe, elle se fait auprès d’autres nouvelles tendances orientales, sectes, courants spiritistes etc… La secte des Témoins de Jéhovah est très active à Précy et Blaincourt. On y trouve également un groupuscule de jeunes satanistes et une cartomancienne-voyante qui évoque l’esprit des morts à partir de tables tournantes. Certains jeunes ont perdu leur équilibre psychique en fréquentant ces milieux. Les quelques musulmans de Précy pratiquent à Creil et vivent en bons termes avec la population. On compte aussi quelques Bouddhistes et autres disciplines orientales comme le Zen. La superstition reste également bien vivante surtout auprès de personnes peu instruites. Ils ne veulent pas se marier en Mai de peur de ne pas avoir d’enfants parce que c’est le mois de la vierge. D’autres ne veulent pas faire baptiser leur enfant au mois de Mai car  » Mois des fleurs, mois des pleurs ! « 
Ces enfants vous feraient pleurer La communion fréquente, hebdomadaire des pratiquants n’est pas pour autant un signe de santé spirituelle. Beaucoup de Chrétiens ont perdu le sens du péché. La sincérité ou l’authenticité ont pris la place de la vérité, comme s’il suffisait d’être sincère pour être dans le vrai. Pour d’autres, l’opinion de la majorité des gens passe pour être la vérité ou la norme de conduite morale, comme si la vérité dépendait de l’avis du plus grand nombre au lieu d’être un absolu objectif. Le sens de la liberté a également perdu de son objectivité comme si la liberté pouvait être un critère à se permettre n’importe quoi. Dans cette confusion des esprits, certains considèrent comme moral ce qui est légal et d’autres n’hésitent pas à mêler l’astrologie et la réincarnation à quelques éléments du christianisme. Cette année, les prédictions de Nostradamus font recette et certains s’imaginent que se marier en l’an 2000 portera bonheur !
En conclusion de ce rapide survol plein d’espérance pour l’avenir, je dirais que l’ignorance religieuse fait que la religiosité du 20ème siècle n’a pas grand chose à voir avec la Foi. L’homme est rapidement religieux mais lent à croire.