EN FOUILLANT LES REGISTRES PAROISSIAUX

Région Picardie


Lors de la guerre de cent ans, le territoire français fut morcelé à l’extrême. En 1373 le Seigneur de Creil était vassal du Comte de Clermont. Lui-même avait vingt et un vassaux. Précy était un des neuf fiefs de Creil avec Blaincourt, Lamorlaye, Saint-Leu-d’Esserent, etc…
Vers le XVIle siècle, après avoir longtemps appartenu à la Province de Picardie, Précy fut réuni à l’Ile-de-France. Avec Napoléon ler, Précy devint commune du Département de l’Oise et dépendait du Canton de Creil. Ce canton fut créé en l’An 10 à l’époque de la réduction des Justices de Paix. Les cantons de Chantilly et Mello furent ainsi supprimés et englobés dans celui de Creil. Depuis le récent découpage du canton de Creil, la commune de Précy fait désormais partie du canton de Montataire.
Sur le plan religieux, la paroisse faisant partie du Doyenné de Beaumont-sur-Oise qui dépendait de l’Archidiaconné de Clermont, diocèse de Beauvais. Lorsque Napoléon Ier supprime les évêchés de Senlis et de Noyon en les intégrant à celui de Beauvais, un nouveau découpage apparut et depuis ce jour-là la paroisse de Précy dépend du Doyenné de Chantilly, appelé depuis 1970, secteur missionnaire de la Basse Vallée de l’Oise.

Hotel de la Monnaie

Le recensement de 1804 compte 869 habitants à Précy. Le registre signale le 28 mars 1810 le renouvellement des vases sacrés qui avaient été confisqués pendant la Révolution. On les avait portés à l’Hôtel de la Monnaie à Paris pour être fondus. Un reçu est donné à Monsieur le Curé pour être conservé aux archives. Depuis ce jour-là, jusqu’au rétablissement du Culte on se servait de calices en étain et en cuivre. Une ordonnance du quatre Messidor de l’an 13 (23 juin 1805) signée par l’Evêque d’Amiens et de Beauvais Mgr Villaret oblige d’avoir des coupes du Calice et du Ciboire en argent doré, dans les plus brefs délais. On achète un Calice en vermeil chez le sieur Pierrot, orfèvre à Senlis, pour 118 livres.
Mai 1806. Le curé achète « un soleil pour le Saint-Sacrement en cuivre argenté avec le croissant en argent pour remplacer l’ancien qui n’est que de fer blanc et trop peu décent pour l’exposition du Saint-Sacrement ». Ce dernier servira désormais d’écrin reliquaire à la relique de la Sainte Croix du Christ. Le certificat d’authenticité de la relique est dans les archives paroissiales. La relique est exposée à la vénération des fidèles le Vendredi Saint, jour anniversaire de la mort du Christ.

Garniture d’autel

1806. Mme Bourdet, ancienne prieure du couvent de Saint-Martin de Boran, retirée au Puy, fait présent de deux garnitures de dentelles pour aube qu’elle avait elle-même exécutées
1806. Don de deux chandeliers en cuivre argenté par Geneviève Descourtieux épouse Chefdeville, vigneron à Précy.
Don d’une croix de procession par Mme Cotheroux.
Le marbre de l’Eglise provenant de la profanation des tombeaux et du mausolée des Seigneurs de Précy est vendu au marbrier de Senlis et le produit de la vente sera employé pour la construction du petit porche de l’Eglise.
Achat d’une lampe argentée placée dans le choeur de l’Eglise.

Le cimetière de Précy

25 octobre 1807. Un membre du conseil a observé que l’herbe du cimetière accordée jusqu’ici au « Maître d’Ecol pour l’indemniser de la dépense des ballets (balais) qu’il employ au netoiment de l’Eglise » n’est pas suffisante pour le dédommager de cette dépense, cette herbe étant journellement mangée par les bestiaux qui entrent de toutes parts en ce lieu, faute de clôture suffisante pour les en empêcher. « L’Assemblée paroissiale arrête en conséquence que dorénavant l’herbe du cimetière sera vendue au profit de la fabrique (d’église) qui devra chaque année la somme de douze livres au maître d’école pour l’indemniser de la vente de l’herbe ».
Cette anecdote nous rappelle que l’école des garçons était tenue par un maître d’école rétribué par les paroissiens. L’école des filles était tenue par une congrégation religieuse. Cet état de choses devait être modifié à la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905. Jusque-là, le cimetière (pelouse autour de l’église) était la propriété de l’Eglise. Depuis la confiscation par l’Etat, l’environnement de l’édifice a gagné en propreté. Le cimetière fut transféré en 1851 sur la route de Neuilly. L’hygiène y gagna beaucoup. L’été on n’y respirait plus les odeurs nauséabondes de cadavres fraîchement enterrés que les chiens déterraient parfois la nuit suivante pour se partager les restes macabres. L’entretien de l’Eglise elle-même devait être fortement compromis. Là où il y avait autrefois les fermages des propriétés paroissiales qui permettaient d’entretenir l’édifice ou de l’embellir, il ne reste plus désormais que les modestes ressources communales aidées par les Monuments Historiques de France.

Ostensoir en fer blanc doré

En 1883, le 24 février, M. le curé Chamblay bénit une chapelle érigée dans le cimetière. Il est précisé que cette chapelle appartient à la Famille Audebert-Petitjean-Caboche, qu’on peut uniquement y célébrer des messes pour les défunts et qu’elle doit être ouverte au public. En juillet 1815 « une fièvre putride et pernicieuse accompagnée de dysentrie » se développa à Précy où elle dura pendant deux mois et où elle atteignit quatre-vingt personnes dont près du quart succomba. Cette affection fut attribuée aux émanations provenant du Marais Dozet situé en face de Précy, et qui avait été inondé pendant l’hiver précédent.
Le 6 octobre 1816. Don d’un bénitier en métal argenté par M. Hardouin Philippe, Vicomte de Navarre, demeurant ordinairement à Paris, place Royale, à l’ancien hôtel de Richelieu n’ 21, ayant depuis peu acquis une demeure à Précy sise en la rue Saint-Germer. Il demande la « chapelle neuve » de l’Eglise – attenante à la chapelle de la Vierge – pour y assister aux offices avec sa famille.
Le 6 juillet 1818. La nouvelle cloche fut coulée le samedi 4 juillet 1818. Elle se compose des débris de l’ancienne et d’une portion de métal surajouté en sorte qu’actuellement elle est du poids de deux milles livres, trois gros, trente-six grains et comme on compte aujourd’hui de mille kilogrammes environ. Elle a été bénie le surlendemain 6 juillet et nommée Pierre-Marie pour Pierre Lacour, bourgeois de Paris y demeurant et pour Dame Marie Benjamine Etienne, veuve de M. Didier Cothereau, demeurant aussi à Paris. La petite cloche fut offerte à l’Eglise en 1895 par Mme Bellanger, née Victorine Taupin de Précy.

La vendange

Les comptes paroissiaux du XVIIIe font mention d’une rétribution faite « au serpent ». Il s’agit d’une rétribution d’un musicien. Le genre de longue flûte avec laquelle il accompagnait les chants d’église se nomme « un serpent » à cause de sa forme.
En 1827, un cinquième de la population de Précy sait maintenant lire et écrire. En 1825, Précy compte 62 écoliers.
En 1823, la passementerie « Gravelot » est venu s’installer à Précy. Ce négociant emploie environ cinquante personnes (femmes et enfants). Les enfants y travaillent dès l’âge de six ans. On y confectionne aussi des boutons de soie et de fil de toutes grandeurs et façons. Vers 1850, des tuileries et des briqueteries font leur apparition. Chaque année, environ deux mille kilogrammes de silex ramassés sur les côteaux de Précy et de Blaincourt servent à la fabrication de la faïencerie de Creil. En 1873, M. le curé fait percer deux fenêtres dans le bas-côté droit de l’église. M. Auchois fait don d’une verrière représentant Saint Nicolas et Sainte Adélaïde. M. le curé fait mettre une autre verrière représentant Saint Charles Borromée dans l’autre fenêtre. En décembre 1873, don de la chaire à prêcher par M. Lavalée. Ce même mois, le curé ouvre une souscription pour la reconstruction du maître-autel abîmé depuis la Révolution. Cette même année, l’abbé Joseph Quertier, laisse par testament signé du 3 décembre 1873, la somme de 5.000 Francs-or à l’église pour l’entretien de l’orgue dont il avait doté l’église quelque temps auparavant. Cette somme fut placée en rentes d’État qui furent confisquées par l’Etat à la séparation de l’Eglise et de l’État.
En janvier 1874. Don d’une verrière représentant Sainte Félicité, martyre, dans une des fenêtres du bas-côté de l’église, par Mad. Lensaufier. « Le Conseil est d’avis que des verrières de couleur seraient placées dans les autres fenêtres des bas-côtés au fur et à mesure que les ressources de permettront ». Toutes les verrières et vitraux furent soufflés lors du bombardement de Saint-Leu et Précy à la dernière guerre de 40-44. Les vitraux actuels sont l’œuvre du Maître-Verrier B. Gilbert qui les a posés en 1958.
1875. La récolte de vin a été exceptionnelle cette année. Les pentes de la rive droite de l’Oise, bien exposées au soleil de midi, se prêtent depuis des temps immémoriaux à la culture de la vigne. Les vins récoltés sont de médiocre qualité et ne se conservent que deux ou trois ans. La quantité moyenne de la production annuelle est de neuf hectolitres par hectare. Depuis le début du XVIIIe siècle, les vignerons découragés par l’incertitude des produits et par leur mauvaise qualité par rapport aux vins plus connus, ont peu à peu remplacé les vignes par des terres à grain ou des arbres fruitiers. Aux dires de M. Riche Luce, les dernières bouteilles de vin de Précy ont été vendues aux enchères publiques en 1915 sur le marché de Précy.

L’abbé Joseph Lemaire

En 1899, la famille Wateau fait don de deux lustres placés dans la chapelle de la Sainte Vierge et ceci en mémoire de leur fils Maurice Louis Wateau pieusement décédé le 8 septembre 1898. La même année, Victorine Bellanger vient à mourir et charge l’abbé Lemaitre, curé de Précy, son exécuteur testamentaire, d’acheter pour l’église, un magnifique ostensoir en argent doré avec 12 sujets gravés sur argent oxydé au prix de trois mille francs-or.
Par testament du 1er novembre 1899, M. Frédéric Grandperrier, institue « un prix de vertu qui sera donné tous les ans, à la Saint Pierre, à la jeune fille qui se sera fait le plus remarquer par sa bonne conduite ». Le Conseil décrète que « pour encourager la jeunesse à la vertu, de convoquer au son de toutes les cloches, la jeune fille qui aura été l’objet du choix de la Municipalité, à venir après la cérémonie de son couronnement, escortée de ses parents et de ses amis à l’église, assister à une cérémonie religieuse faite en son honneur et destinée à donner plus d’éclat à la fête de son couronnement ».
Il fait également un legs d’une rente de 3 % sur l’Etat de 25 Francs or pour fonder un prix scolaire dans l’école, des filles.
Il apparaît à la lecture des registres paroissiaux que durant tout le XIXe siècle, l’église de Précy a bénéficié de beaucoup de dons de la part des paroissiens qui avaient à cœur de redonner à leur église la splendeur qu’elle avait avant le pillage et le vandalisme dont elle souffrit pendant la Révolution.