Les archives paroissiales de Précy signalent qu’il y avait en 1839, dans le mobilier de l’église, que l’on conservait au presbytère, « un jeu d’orgues ».
Il s’agit probablement d’un instrument portable assez répandu dans les châteaux de la Renaissance et dans certaines églises à partir du XVIe siècle.
Le fait qu’il fut conservé au presbytère est sans doute dû à la grande humidité de l’église.
Les archives nous apprennent également qu’en 1826, la Fabrique de l’église, rétribuait de quatre sols, le musicien qui jouait du Serpent à l’église. De là à supposer qu’il n’y avait pas d’orgue est excessif puisque les mêmes archives affirment que le facteur d’orgue, Narcisse Martin, « S’engage à prendre en compte, si Monsieur Quartier le désire, l’Orgue Baroque en usage à Précy, moyennant huit cents francs ».
Par ailleurs, l’observation attentive de la tuyauterie de l’orgue actuel, fait croire que certains tuyaux, voire même certains jeux, n’auraient pas été fabriqués par Narcisse Martin. L’Orgue Baroque a donc peut-être servi à la construction du nouvel instrument. Plusieurs détails prêchent en faveur de cette hypothèse. Certains tuyaux comportent des dents, d’autres pas, d’autres encore sont coupés ou retravaillés… etc. Ce qui caractérise presque l’ensemble de la tuyauterie c’est que « la plupart des jeux sont coupés au ton. » (M. A.).
A la demande de Monsieur Charansonnet, maire de Précy, et du curé, l’Abbé Carlos Speybroeck, de la Commission d’Art Sacré, les orgues de Précy furent classées monument historique par décret du 15 février 1980, sur proposition d’André ISSOIR, responsable de la Commission des orgues historiques de Picardie. Le dossier de présentation a été établi par Marc Adamczewski, organiste de Précy, et Élisabeth Bertrand, organiste titulaire du grand orgue de l’église Saint-Etienne de Beauvais.
Le plus prestigieux musicien quia fait sonner les orgues de Précy est sans doute Gabriel Fauré.
Ce compositeur français, organiste à l’église de la Madeleine et Directeur du Conservatoire de Paris (1905-1920), venait régulièrement à Précy chez ses amis Henneguy de la rue Saint-Germer.
Le dimanche après les vêpres, Gabriel Fauré restait de temps en temps en l’église de Précy pour y jouer de l’orgue pour ses amis. Marie-Louise Pironnet, pianiste, » Tante Lou-Lou » pour les intimes, était de ceux-là. Elle était la tante de Madame Marcelle Collet et tenait l’orgue à la messe du Dimanche. Gabriel Fauré a écrit un morceau d’orgue pour elle.
Surtout connu pour son Requiem (1887) qui évoque la paix de la mort et non la terreur qu’elle peut inspirer, il composa également de la musique de scène pour » Pelléas et Mélisande » de Maeterlinck et en tira une SUITE de concert dans laquelle il engloba la charmante » Sicilienne » op.78 pour violoncelle et le magnifique » Adagio » annonçant la mort de Mélisande.
Ses » Quatuors » et » Berceuses » pour violon et piano ainsi que le recueil de chansons sur des textes de Paul Verlaine parlent de ses remarquables talents musicaux.
Descriptif des jeux : COMPOSITION
Grand-Orgue | Récit | Pédalier |
Bourdon 16 (Basses-Dessus) | Flûte harmonique 8 | Soubasse 16 |
Montre 8 | Flûte octaviante | Violoncelle 8 |
Salicional 8 | Gambe 8 | |
Bourdon 8 | Voix célèste 8 | I/II |
Violoncelle 8 (Basses) | Hautbois 8 | Appel d’anches (Trompette, Plein jeu et Doublette) |
Prestant 4 | Voix humaine 8 | Pédale d’expression à cuillère |
Doublette | Cor anglais 8 | |
Nazard 2 2/3 | Trémolo | |
Plein Jeu III | ||
Trompette 8 | ||
Euphorie 8 | Transpositeur |
Historique
L’orgue de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul de Précy-sur-Oise a été construit par Narcisse Martin en 1861. L’instrument et la tribune qui le soutient furent offerts à la paroisse par l’Abbé Quertier, vicaire parisien qui possédait une demeure à Précy. L’orgue concertant, selon les termes de Narcisse Martin, est composé de 17 jeux répartis sur 2 claviers manuels et un pédalier de 18 notes. La console étant en fenêtre de côté, la transmission mécanique complexe est un peu bruyante et les claviers relativement durs, en particulier quand on les accouple. Mise à part l’installation d’un ventilateur électrique, l’orgue n’a subi aucune transformation depuis sa construction. Classé » orgue historique « , l’instrument a pu bénéficier d’une restauration en 1987, confiée à Jean-François Muno, facteur d’orgue à Esmoulins. La restauration a permis de redonner à l’orgue toute la clarté et la finesse de ses jeux. Le défi du facteur d’orgues consistait à remettre en ordre l’harmonie grâce à de fins réglages, tout en respectant la tuyauterie de Narcisse Martin (sans toucher à l’embouchage). La transparence de la sonorité, inattendue pour un orgue préromantique de 1861, est mise en valeur par l’acoustique de l’église. L’orgue de Précy-sur-Oise est apprécié chaque semaine dans l’accompagnement de la liturgie ainsi qu’à l’occasion de concerts que la Ville de Précy-sur-Oise organise chaque année pendant les Journées du Patrimoine. Cet orgue a fait l’objet d’un CD d’oeuvres à quatre mains paru en 1996, interprété par Marguerite et Marc Adamczewski. (réf. EMA9501 – 4 Diapasons). Il est référencé sur le site de la Guilde Européenne des Organistes.