L’histoire de Précy, confirmée par l’archéologie, prouve que dès le paléolithique les plateaux et la vallée de Précy ont retenu l’intérêt des humains. Les musées de Beauvais, Compiègne, Senlis et les Antiquités nationales à Saint-Germain-en-Laye ont dans leurs collections d’abondantes traces celtiques; des haches, coups-de-poing, lames, couteaux, pointes de flèches, broyeurs, perçoirs, grattoirs, polissoirs, ciseaux, marteaux haches, percuteurs, etc. ramassés ou extraits à Précy.
À l’approche de l’Oise, le visiteur qui vient de Chantilly-Gouvieux, aperçoit à l’horizon les flancs crayeux des carrières et cavées, dressés comme des falaises au-dessus de l’écrin de verdure où se niche la bourgade. C’est qu’à des milliers d’années antérieures, la mer couvrait la région. On trouve dans les carrières des fossiles et cérithes, des coquillages marins en tire-bouchon, des dents de requin, des oeufs fossilisés de dinosaure…
Plus tard la nature luxuriante a pris le dessus et le pays finit par être couvert de bois et de verdure. La proximité de l’Oise a attiré les hommes et les bêtes. Dans ces terres d’alluvions on a découvert des ossements de grands mammifères comme le rhinocéros, les mammouths et les cerfs.
On peut se représenter les cahutes bâties çà et là sur la « MONTAGNE DE PRÉCY » et dans la vallée près du cours d’eau. Ces habitations, ancêtres de nos chaumières, étaient en forme arrondie, à la manière des tortues, construites de palis et de claies, surmontées d’un toit couvert de paille ou de joncs.
Prisciacum est un lieu désigné à l’époque gallo-romaine, à l’endroit où une famille romaine, les Priscius, s’est fixée dans une villa ou une exploitation agricole comme il y en eut tant à cette époque, qui s’appropriaient les terres pour les déboiser et les rendre cultivables. Le suffixe gaulois « ACOS » latinisé en « ACUM » a donné « PRISCIACUM » ou villa de PRESSY ou PRÉCY.
Après de nombreuses années de troubles politiques et sociaux qui se succédèrent après l’invasion des barbares, la défaite d’Attila et la victoire de Clovis, la région du Beauvaisis devint tributaire des Francs. La mort de Clovis plongea l’État dans la tourmente des passions ambitieuses de ses descendants. À l’époque mérovingienne Précy faisait partie d’un des quatre Pagi des Bellovaques; le Pagus Cambliacensis (Chambliois) qui avait Chambly comme chef-lieu.
Les récentes fouilles archéologiques entreprises au lieu-dit « LE MARTRAY » ont mis à jour différents niveaux datant du 7′è » au 20′è » siècle. On y a découvert beaucoup de tessons mérovingiens, des cabanes mérovingiennes, des murs aux caractéristiques de la taille médiévale ainsi que des fours et des multiples caves du XI ième et Xllièe siècle, des lieux de stockage de blé ou de graines, des murs, des caves et des celliers de l’époque moderne … Tout cela atteste d’une habitation continue à cet endroit depuis l’époque mérovingienne.
Pourquoi ce lieu s’appelle-t-il « LE MARTRAY » ?
Les archéologues d’aujourd’hui estiment que c’est un lieu de sépulture (MARTELOY) puisqu’on vient d’y découvrir un sarcophage gallo-romain contenant le squelette d’un jeune garçon inhumé avec solennité semble-t-il. Certains archéologues parlent d’un tertre, lieu de sépultures multiples. C’est vrai qu’on y a exhumé trois squelettes de grands bovidés dont un en position de ruminant couché dans un pré, entièrement conservé, intact dans sa position.
D’autres archéologues parlent d’une nécropole dédiée au Dieu MARS, Dieu Romain de la guerre.
Jules César (58 avant JC) relate dans « La guerre des Gaules » qu’il vint dans cette vallée bellovaque où les vignes drapent les coteaux de la rivière Oise pour y combattre les « Bellovaci » (ancêtres des habitants du Beauvaisis) qu’il considérait comme « les plus puissants des Belges et les plus braves ». Selon les historiens et les archéologues quatre endroits de l’actuel département de l’Oise, portent à croire que Jules César aurait réparti ses quatre légions à quatre endroits stratégiques, afin d’encercler Corréus et l’armée bellovaque qu’il combattit victorieusement au Mont César de Bailleul sur Thérain près de Beauvais.
Les autres lieux stratégiques sont le Mont César de Nampcel, camp de Beaulieu, le camp César à Catenoy près de Clermont et le Mont César à Gouvieux face à l’île de Toutevoie d’où le général envoya des détachements de cavalerie pour reconnaître la situation des Bellovaques (Louis Graves).
A cet endroit les fouilles ont mis à jour de nombreuses pierres gravées, des sarcophages, des monnaies romaines, des armes et des armures ainsi que des vases gallo-romains.
« LE MARTRAY » peut aussi signifier « LIEU DU MARTYR », l’équivalent du « pilori » médiéval. C’est là sur la place publique mais très souvent aux portes de la ville qu’on exposait les voleurs, querelleurs et malfaiteurs de toutes sortes.
Le fait que ce quartier de la ville se trouve rue du Havre porte à croire qu’un « HAVRE » ou « PORT » (de la racine germanique « HAVE » , « HAVEN » = petit port bien abrité) se situait vers cet endroit où le lit de l’Oise était beaucoup plus large et comportait des îles. Rien d’étonnant d’y trouver tant de témoignages et d’indices archéologiques d’habitations, de caves, de fours et de lieux de stockage de graines et de blé puisque la région était le grenier à blé de Paris. Jusqu’à une période pas si lointaine les péniches chargées de blé, de fruits et de légumes, de paniers et de corbeilles d’osier partaient par la rivière vers les Halles de Paris.
Le point culminant de ce commerce se situe au temps des Montmorency (17ème et 18ème siècle) qui exploitaient plusieurs fermes comme celle d’Outreleau et du Martray. Ils avaient créé une halle aux blés sur la place de Précy en face de la Prévôté.
Le sétier (séti) de Précy était jusqu’à la Révolution Française, la mesure de blé la plus appréciée en Isle de France.
Au Marais Dozet : « dozié », « dozay » on cueillait des branches d’osier pour tresser les corbeilles et les paniers vendus aux Halles de Paris. En 1826, les vergers et les OSERAIES représentaient 22 hectares55, les vignes 56 hectares67 et les terres labourables 731 hectares03. Précy comptait alors deux familles de vanniers qui exploitaient le marais d’osiers.
Dans ce quartier du Martray se trouve une majestueuse porte sculptée du 17 ième siècle, provenant d’une demeure donnant sur les murs de la ville. C’était le fief de Montluisan. Le chapeau sculpté surmontant la porte est orné de fruits et de feuillage entourant un écu lisse et brisé qui a probablement perdu ses armoiries polychromes et subi le vandalisme à la Révolution Française.
Au sous-sol de la maison il y a une cave voûtée du Xllème siècle. Graves écrit en 1826 que Précy comptait peu de chaumières. En 1760 on y dénombre 203 maisons. Elles sont presque en totalité en pierre de taille, l’abondance de la pierre étant telle dans la région que les constructions en bois seraient plus coûteuses. Beaucoup de maisons par contre avaient des toits de chaume, un certain nombre était couvert de tuiles plates et une minorité avait des toitures en ardoises.
Archéologues et historiens essayent au cours de leurs recherches de trouver des nouveaux éléments d’un puzzle jamais complet, mais ces indices permettent une interprétation et une certaine lecture ou vision du paysage tout au long des siècles.