PRÉCY AUTREFOIS


Bords de l'OiseL'histoire de Précy, confirmée par l'archéologie, prouve que, dès le paléolithique, les plateaux et la vallée de Précy ont retenu l'intérêt des humains. Les musées de Beauvais, Compiègne, Senlis et les Antiquités nationales à Saint-Germain-en-Laye ont dans leurs collections d'abondantes traces celtiques ; des haches, coups-de-poing, lames, couteaux, pointes de flèches, broyeurs, perçoirs, grattoirs, polissoirs, ciseaux, marteaux haches, percuteurs, etc. ramassés ou extraits à Précy.
À l'approche de l'Oise, le visiteur qui vient de Chantilly-Gouvieux, aperçoit à l'horizon les flancs crayeux des carrières et cavées, dressés comme des falaises au-dessus de l'écrin de verdure où se niche la bourgade. C'est qu'à des milliers d'années antérieures, la mer couvrait la région. On trouve dans les carrières des fossiles et cérithes, des coquillages marins en tire-bouchon, des dents de requin, des oeufs fossilisés de dinosaure...
Plus tard, la nature luxuriante a pris le dessus et le pays finit par être couvert de bois et de verdure. La proximité de l'Oise a attiré les hommes et les bêtes. Dans ces terres d'alluvions, on a découvert des ossements de grands mammifères comme le rhinocéros, les mammouths et les cerfs.
Plan du secteur de Precy en 1950On peut se représenter les cahutes bâties çà et là sur la « MONTAGNE DE PRÉCY » et dans la vallée près du cours d'eau. Ces habitations, ancêtres de nos chaumières, étaient en forme arrondie, à la manière des tortues, construites de palis et de claies, surmontées d'un toit couvert de paille ou de joncs.
Prisciacum est un lieu désigné à l'époque gallo-romaine, à l'endroit où une famille romaine, les Priscius, s'est fixée dans une villa ou une exploitation agricole comme il y en eut tant à cette époque, qui s'appropriaient les terres pour les déboiser et les rendre cultivables. Le suffixe gaulois « ACOS » latinisé en « ACUM » a donné « PRISCIACUM » ou villa de PRESSY ou PRÉCY.
Après de nombreuses années de troubles politiques et sociaux qui se succédèrent après l'invasion des barbares, la défaite d'Attila et la victoire de Clovis, la région du Beauvaisis devint tributaire des Francs. La mort de Clovis plongea l'État dans la tourmente des passions ambitieuses de ses descendants. À l'époque mérovingienne, Précy faisait partie d'un des quatre Pagi des Bellovaques; le Pagus Cambliacensis (Chambliois) qui avait Chambly comme chef-lieu.
Sarcophage gallo romainLes récentes fouilles archéologiques entreprises au lieu-dit « LE MARTRAY » ont mis à jour différents niveaux datant du VIIème au 20ème siècle. On y a découvert beaucoup de tessons mérovingiens, des cabanes mérovingiennes, des murs aux caractéristiques de la taille médiévale ainsi que des fours et des multiples caves du XIème et XllIème siècle, des lieux de stockage de blé ou de graines, des murs, des caves et des celliers de l'époque moderne ... Tout cela atteste d'une habitation continue à cet endroit depuis l'époque mérovingienne.
Pourquoi ce lieu s'appelle-t-il « LE MARTRAY » ?
Les archéologues d'aujourd'hui estiment que c'est un lieu de sépulture (MARTELOY) puisqu'on vient d'y découvrir un sarcophage gallo-romain contenant le squelette d'un jeune garçon  inhumé avec solennité semble-t-il. Certains archéologues parlent d'un tertre, lieu de sépultures multiples. C'est vrai qu'on y a exhumé trois squelettes de grands bovidés dont un en position de ruminant couché dans un pré, entièrement conservé, intact dans sa position.
Buste de Jules CésarD'autres archéologues parlent d'une nécropole dédiée au Dieu MARS, Dieu Romain de la guerre.
Jules César (58 avant JC) relate dans « La guerre des Gaules » qu'il vint dans cette vallée bellovaque où les vignes drapent les coteaux de la rivière Oise pour y combattre les « Bellovaci » (ancêtres des habitants du Beauvaisis) qu'il considérait comme « les plus puissants des Belges et les plus braves ». Selon les historiens et les archéologues quatre endroits de l'actuel département de l'Oise, portent à croire que Jules César aurait réparti ses quatre légions à quatre endroits stratégiques, afin d'encercler Corréus et l'armée bellovaque qu'il combattit victorieusement au Mont César de Bailleul sur Thérain, près de Beauvais.
Les autres lieux stratégiques sont le Mont César de Nampcel, camp de Beaulieu, le camp César à Catenoy près de Clermont et le Mont César à Gouvieux face à l'île de Toutevoie d'où le général envoya des détachements de cavalerie pour reconnaître la situation des Bellovaques (Louis Graves).
Une oseraieA cet endroit, les fouilles ont mis à jour de nombreuses pierres gravées, des sarcophages, des monnaies romaines, des armes et des armures ainsi que des vases gallo-romains.
« LE MARTRAY » peut aussi signifier « LIEU DU MARTYR », l'équivalent du « pilori » médiéval. C'est là sur la place publique, mais très souvent aux portes de la ville, qu'on exposait les voleurs, querelleurs et malfaiteurs de toutes sortes.
Le fait que ce quartier de la ville se trouve rue du Havre porte à croire qu'un « HAVRE » ou « PORT » (de la racine germanique « HAVE » , « HAVEN » = petit port bien abrité) se situait vers cet endroit où le lit de l'Oise était beaucoup plus large et comportait des îles. Rien d'étonnant d'y trouver tant de témoignages et d'indices archéologiques d'habitations, de caves, de fours et de lieux de stockage de graines et de blé puisque la région était le grenier à blé de Paris. Jusqu'à une période pas si lointaine, les péniches chargées de blé, de fruits et de légumes, de paniers et de corbeilles d'osier partaient par la rivière vers les Halles de Paris.
Le point culminant de ce commerce se situe au temps des Montmorency (XVIIème et XVIIIème siècle) qui exploitaient plusieurs fermes comme celle d'Outreleau et du Martray. Ils avaient créé une halle aux blés sur la place de Précy en face de la Prévôté.
Ancien fief de MontluisanLe sétier (séti) de Précy était, jusqu'à la Révolution Française, la mesure de blé la plus appréciée en Isle de France.
Au Marais Dozet : « dozié », « dozay », on cueillait des branches d'osier pour tresser les corbeilles et les paniers vendus aux Halles de Paris. En 1826, les vergers et les oseraies représentaient 22 hectares 55, les vignes 56 hectares 67 et les terres labourables 731 hectares 03. Précy comptait alors deux familles de vanniers qui exploitaient le marais d'osiers.
Dans ce quartier du Martray se trouve une majestueuse porte sculptée du XVIIème siècle, provenant d'une demeure donnant sur les murs de la ville. C'était le fief de Montluisan. Le chapeau sculpté surmontant la porte est orné de fruits et de feuillage entourant un écu lisse et brisé qui a probablement perdu ses armoiries polychromes et subi le vandalisme à la Révolution Française.
Au sous-sol de la maison, il y a une cave voûtée du Xllème siècle. Graves écrit en 1826 que Précy comptait peu de chaumières. En 1760, on y dénombre 203 maisons. Elles sont presque en totalité en pierre de taille, l'abondance de la pierre étant telle dans la région que les constructions en bois seraient plus coûteuses. Beaucoup de maisons par contre avaient des toits de chaume, un certain nombre était couvert de tuiles plates et une minorité avait des toitures en ardoises.
Archéologues et historiens essayent au cours de leurs recherches de trouver des nouveaux éléments d'un puzzle jamais complet, mais ces indices permettent une interprétation et une certaine lecture ou vision du paysage tout au long des siècles.

SURVOL


A l'époque gallo-romaine, les places fortes gauloises sont récupérées par les Romains. Les oppida deviennent des vicus, villa, villages.
Sous l'occupation romaine, Précy et sa région connaît comme partout, le déboisement des forêts, la mise en culture et l'exploitation des terres cultivables.
Les Lierres (ancien Château Vénèque)Quand au IVe siècle, les Barbares envahissent la région, la culture des champs et le progrès social apportés par les Romains disparaissent. La forêt se reforme petit à petit, les marais sont envahis par les buissons et les herbes sauvages et tout redevient progressivement comme à l'époque gauloise.
Au Vle siècle, les rois Francs essayent de redresser le pays. Ces rois Mérovingiens et leurs dignitaires s'installent sur les hauteurs qui dominent l'Oise. Ils habitent les villas romaines, devenues fermes militaires fortifiées appelées « mairies royales ». Elles était construites en bois et en terre et faisaient souvent office de lieux de surveillance du fleuve ou de la rivière, de poste d'administration ou d'exploitation agricole sous l'autorité d'un intendant appelé « major » ou « maïeur» d'où le mot « maire ».
Clotaire Ier, roi des francs, selon Jean du TilletC'est vers la fin du VIIème siècle que fut alors fondée l'abbaye Saint-Martin de Précy dont Farulfus était Abbé en 690. Le terrain fut donné par un seigneur Franc de Chambly, nommé Vandémire. Lui et son épouse Ercamberte avaient élu cette abbaye comme lieu de leur sépulture.
Une Charte de Charles le Chauve, portant la date 861, parle également de ce monastère. Il a donc survécu à l'invasion normande. Ces Vikings venant du Nord, remontaient la Seine et puis l'Oise dès 838. Ils terrorisaient et dévastaient la région par des viols, tueries, pillages et incendies. Au cours du Xème siècle, il n'est plus fait mention de l'Abbaye de Saint-Martin de Précy. Ce Xème siècle reste un des plus affreux de notre histoire nationale. L'autorité publique est bafouée et disparaît. Des épidémies et d'effroyables famines frappent le pays. Les pillards et les bandits de grand chemin foisonnent. En face de cette carence du pouvoir carolingien, on voit alors se dresser des seigneurs locaux qui prennent la défense de leurs territoires et de leur population. C'est de cette époque que date le castel féodal, « grand hostel » de Précy. Il en reste. aujourd'hui en sous-sol les fondations et la salle des gardes qui remontent au moyen-âge. Les fossés creusés au Xème siècle, consolidés, remaniés au cours des siècles, encadrent toujours le château actuel qui est une construction du XIXème siècle (Viollet le Duc), à l'emplacement où Louis de Lansac avait bâti son manoir (XVIème siècle), démoli à la Révolution. Une ordonnance du régent, le futur roi Charles V, du 14 mai 1358 ordonne de réparer les châteaux forts et d'y mettre des garnisons.
La bataille de PoitiersC'est que la révolte des paysans gronde. Leurs maîtres et seigneurs étaient supposés protéger les populations contre les brigands et les ennemis. Ce n'était pas toujours le cas. Le 18 mai 1358, la Jacquerie éclata à Saint-Leu d'Esserent et se propagea aux alentours, principalement en direction de Senlis et Pont-Sainte-Maxence. Les châteaux sur les rives de l'Oise furent incendiés. La réponse des seigneurs fut d'une cruauté extrême. Environ 20.000 hommes furent tués. « Leur pendaison par milliers aux arbres de l'endroit ne peut être tenue sous silence. » (Pierre Durvin).
Les archives ne disent rien à propos de la Jacquerie à Précy. C'est peut-être le signe qu'il y avait une bonne entente entre les seigneurs et la population de Précy.
Lors du dénombrement de 1385, les Archives Nationales N p.146 font état du fief « tenu du Roy notre Sire par Messire Philippe de Précy ». On y signale l'existence du « grand hostel », un colombier, un moustier, des vignes, le tout « enclot de murs ».
Pendant la guerre de Cent ans, de 1381 jusque vers 1449, les Anglais occupent Creil et « mettent à pauvreté tous les pais d'environ »
« La seconde moitié du XIVème siècle et tout le XVème siècle représentent une époque de dépeuplement après laquelle on va devoir reconstruire les villages en ruines et défricher les champs incultes depuis plusieurs dizaines d'années. » (E. Lambert).
Charles VII de FouquetA cette époque, les Anglais investissent le château de Précy et mettent le feu à l'église. En 1430, le roi Charles VII envoie Jean de la Brosse, Maréchal de Boussac, pour déloger les Anglais. « Ils allèrent assiéger la ville de Pressy dans laquelle estait le bastard de Chevreuse, à tout quarante combattants ou environ, qui assez brief furent contraints d'eulx rendre à voulonté. Et en y eut la plus grande partie mise à mort par les guisarmiers dudit Maréchal et depuis qu'ilz se furent ainsi rendus. Et aussi fut la forteresse démolie. »
Au XVIème siècle, après la guerre de Cent Ans, apparaît une fièvre de bâtir.
Louis de Saint Gelais, fils naturel du roi François Ier, devient en 1570 Seigneur de Précy. Il y fait rebâtir le château mais selon la mode nouvelle. Il fait également reconstruire en partie l'église incendiée par les Anglais. « Lui qui ne cessa de chevaucher de cour en cour et de château en château eut le loisir d'admirer l'un des plus charmants... celui d'Azay-le-Rideau ».
En 1571, il marie son fils Guy avec Antoinette Raffin, fille du Seigneur d'Azay-le-Rideau. Il n'hésite pas de s'inspirer de ce château et de recourir à la même main-d'œuvre pour la construction de son manoir de Précy.
Ce château et ce fief bien aimé où il a voulu finir ses jours passèrent à sa petite-belle-fille Charlotte de Luxe qui se maria avec Louis de Montmorency, Seigneur de Bouteville.
Les Montmorency-Luxembourg, héritiers de ce dernier, vivaient plus à la Cour de Versailles ou ailleurs qu'au château de Précy. Faute d'entretien, le château devait se dégrader jusqu'à tomber de vétusté.
En 1792, le Seigneur de Précy, Anne-Léon de Montmorency-Fosseux marié à sa cousine Charlotte de Montmorency-Luxembourg, fuyant les massacres de la Révolution, se réfugia en Belgique.
De là, les Montmorency vendirent leurs domaines qui furent divisés et vendus en lots. Ainsi disparut la Seigneurie de Précy qui avait duré près de huit siècles.

1302 - Les éperons d'or


Le beffroi de BrugesToute l'Europe a entendu parler de « la bataille des Éperons d'Or ».
Tout commence par « les Matines Brugeoises », aux premières heures du matin de ce 17 mai 1302, au moment où les moines chantent l'office des Matines alors que la fière cité de Bruges était encore plongée dans la nuit. Le roi Philippe le Bel était il y a quelque temps venu sceller son alliance avec les « Leliaerts », les partisans du Lys, partisans d'une Flandre plus proche de la France que de l'Angleterre. C'était sans compter avec le petit peuple et la bourgeoisie, ceux qu'on appelait les « Klauwaerts » (allusion aux griffes du Lion de Flandre) et qui voulaient qu'on respecte l'indépendance du gouvernement de la Flandre qui avait été accordée en 1256 par le roi Louis XI par l'« édit de Péronne ». Ces Flamands avaient choisi le camp des Anglais avec qui ils faisaient un commerce florissant.
La guerre avec l'Angleterre, la tentative de blocus maritime et l'abcès de fixation en Flandre où les services français d'occupation exaspéraient la population aboutirent à la « Bataille des Éperons d'Or » le 11 juillet 1302 dans la plaine de Courtrai.
La Bataille des éperons d'orLes « Matines Brugeoises » sont le signal. Elles débutent dans la nuit : le mot de passe était « Schild en vriend » - Bouclier et ami. Celui qui ne les prononçait pas correctement fut massacré sur le champ.
L'armée française, en garnison à Bruges, fut ainsi massacrée en plein sommeil. On parle de 1.500 morts et de 100 prisonniers. Le gouverneur Jacques de Châtillon eut tout juste le temps de s'enfuir derrière les murailles de la ville de Courtrai où s'étaient regroupées les troupes de Guy de Namur, fils du Comte de Flandre.
Quand Philippe le Bel apprend le massacre, il lève aussitôt son armée recrutée en Artois, en Normandie, en Picardie et en Flandre (les Leliaerts) et, avec les chevaliers Français, il engage la bataille le 8 juillet 1302 vers midi. La cavalerie française, sous le commandement de Robert d'Artois et Jacques de Châtillon, se trouva au centre du combat, essayant de rompre le front flamand protégé de planyons à picots (sortes de piques terminées par une pointe de fer). Les flèches flamandes « obscurcissaient le ciel » frappant les chevaux et les cavaliers Français qui tombaient emmêlés dans la boue de ces terrains marécageux, coupés de ruisseaux et de fossés.
Philippe le BelLes Flamands avançaient au cri de : « Tuez tout ce qui porte éperons ! ». Robert d'Artois et Jacques de Châtillon y sont touchés à mort ainsi que 68 princes et seigneurs : parmi eux le Seigneur de Précy qui fut tué d'un coup d'épée pendant que son cheval s'enfonçait dans le marais. A lui comme aux 1.100 chevaliers, on enleva les éperons d'or. On en trouva 700 qui furent suspendus tels des trophées, à la voûte de l'église Notre-Dame de Courtrai.
Un an plus tard, Philippe le Bel prit sa revanche et essaya de régler ses comptes avec les Flamands à Mons-en-Pévèle.
Il les surprit avec mille hommes mais c'était une bataille sans vrai vainqueur où les Flamands perdirent leur chef.
Le traité d'Athis-sur-Orge obligea Lille, Douai, Ypres, Gand et Bruges d'abattre leurs murs de défense.
Lille, Douai et Béthune, Cassel et Courtrai restaient entre les mains du roi de France.
C'est ainsi que la Flandre, l'Artois et la Picardie seront encore longtemps « Terres de débats », partagés, divisés, rançonnés par les voisins du sud, du nord, de l'ouest ou de l'est ; toujours par intérêt politique ou commercial, ou par jalousie.

Précisions et difficultés historiques


Ie croisade : la prise de JerusalemA part le manuscrit français n° 9816 conservé à la Bibliothèque Nationale de Paris et quelques ouvrages imprimés du XIXème siècle, dont les auteurs ont eu en main d'autres sources historiques aujourd'hui disparues, il ne nous reste que peu d'éléments pour affirmer avec une certitude absolue, qui était le premier seigneur de Précy.
Pierre de Nogent raconte dans son « histoire de la première croisade » comment Philippe de Précy s'était croisé sous Roger II, évêque de Beauvais (1095).
Il s'enrôla avec un grand nombre de Chevaliers du Beauvaisis. Parmi eux ,on signale Renaud de Beauvais, Dreux de Mouchy, Clérembaud de Vendeuil, Mathieu de Clermont, etc...
L'historien Roger, dans son ouvrage « Noblesse et Chevalerie » (1876) affirme (page 75) qu'en 1096, Jean de HAVERSKERKE, par alliance apparenté à la Maison de Précy, prit part à la première croisade en compagnie de deux Chevaliers de sa famille et de quelques gens de sa maison. Beau-frère de Philippe de Précy, il accompagne ce dernier à la première croisade.
Jean de HAVERSKERKE était alors Chevalier de la Châtellerie de Cassel en Flandre. Tous deux reviennent de la croisade. Philippe de Précy est revenu avec une relique de la Sainte Croix. On était friand de reliques à cette époque-là.
Le voeu de St LouisUn tableau en notre église de Précy rappelle que le Saint Roi, Louis IX, avait ramené de Terre Sainte la relique de la couronne d'épines du Christ qu'il avait achetée à l'empereur latin de Constantinople.
A sa mort, Philippe de Précy est inhumé en l'église de « madame » à Précy.
Jean de HAVERSKERKE devient alors seigneur de Précy. On trouve ses armoiries sur le socle de la Vierge. Elles sont combinées avec celles de la maison de Rouvroy de Saint Simon.
Cette antique et illustre maison de Flandre a donné plusieurs seigneurs à Précy et a fourni des grands baillis à Gand, Bruges, Courtrai, Cassel et Ypres. On sait par ailleurs, qu'en 1198, Baudouin de Précy et de Haverskerke prit part à la 5ème croisade et, en mars 1219, Guillaume de Précy à la 6ème croisade avec neuf autres Chevaliers et ceci, aux frais de Montmorency retenu en France par le roi.
En 1302, le seigneur de Précy (Philippe ?) était parmi les cinquante vaillants Chevaliers qui accompagnaient Guillaume de Juliers, petit-fils du Comte de Flandre, lorsqu'il allait implorer la grâce du roi de France après le massacre des « matines de Bruges ».
Bataille de CourtraiCet évènement nous rappelle que Guy de Dampierre, Comte de Flandre, dernier des grands feudataires, avait choisi le camp des Anglais avec qui les marchands flamands faisaient un commerce florissant. Philippe le Bel le prit fort mal et finit par capturer le comte de Flandre et le garda prisonnier. C'était compter sans la fierté des Flamands, dont les droits légitimes étaient bafoués. En effet, par les accords du « dit de Peronne », le roi Louis XI avait en 1256 accordé la Flandre au Comte de Dampierre.
La guerre avec l'Angleterre, la tentative de blocus maritime et l'abcès de fixation en Flandre où les services français d'occupation exaspéraient la population, aboutirent à une révolte qui se traduisit par un célèbre massacre qui dura trois jours, appelé « matines de Bruges » à cause des sonneries (de la cloche) de matines qui furent le signal d'attaque.
Fou de rage, Philippe le Bel décida de sévir contre les rebelles. Il leva une armée de cinquante mille hommes confiés à Robert d'Artois.
L'église Notre-Dame de CourtraiLe 11 juillet 1302, les Français se heurtèrent aux Flamands dans la plaine de Courtrai. Ce fut une défaite fracassante et humiliante pour le roi de France et ses vaillants cavaliers qui n'avaient pas compté avec les marais où les chevaux s'embourbaient. Le seigneur de Précy y trouva la mort. Il fut tué d'un coup d'épée pendant que son cheval s'enfonçait dans le marais. A lui, comme aux autres Chevaliers, on enleva ses éperons d'or. On les voit encore suspendus comme trophées, à la voûte de l'Eglise Notre Dame de Courtrai (op.cit.p.133).
Son fils, Philippe de Précy, lui succéda. Il est sénéchal de Lille et gouverneur des frontières de Flandre. Il avait ses entrées auprès du pape Jean XXII et auprès du roi Philippe VI de Valois à qui il s' adressait directement, sans intermédiaire pour obtenir des autorisations et privilèges. Il mourut en 1330 et fut inhumé en l'église de Précy. Son fils, Guillaume de Précy, participa à la revanche que prit le roi de France sur les Flamands qui lui avaient refusé l'hommage en le traitant de « Roi trouvé ».
Le seigneur de Précy était présent à la victoire de Cassel le 23 août 1328. Ce ne fut pas pour autant la fin des règlements politiques avec les Flamands qui ne voulaient pas plier.
Armes des St Simon de RouvroyEdouard III, roi d'Angleterre allié aux Flamands, révoltés sous la pression d'un riche meneur gantois, Jacques Van Artevelde, vint assiéger Cambrai sans succès mais obtint l'alliance de l'empereur Louis IV. En réponse, le roi de France préparait un débarquement en Angleterre. Sa flotte rencontra la flotte anglaise et ce fut un véritable Trafalgar avant la lettre à l'écluse, le 24 juin 1340.
Là encore, le seigneur de Précy, était de la partie ainsi qu'à la bataille de Crécy en Ponthieu le 26 août 1346 où le Roi de France connut une défaite plus meurtrière encore qu'à Courtrai. On connaît l'épisode du vaincu au soir de la défaite implorant l'hospitalité du châtelain de Brove : « Ouvrez, c'est l'infortuné Roi de France » (Philippe VI).
Guillaume de Précy s'était marié en 1334 avec Béatrix de Saint Simon. Elle avait été mariée, en 1332 avec le Chevalier Raoul, seigneur de Frémicourt.
De son second mariage naquit Philippe de Précy. Il est sans doute le dernier seigneur de Précy qui connut les heurs et malheurs du castel féodal. Il est question de lui lors du dénombrement de 1385, dans le grand cartulaire des fiefs de Creil.
Le roi Charles VI devait tenir son fils sur les fonts baptismaux à Précy. Louis de Précy, fait prisonnier par les Anglais lors de la guerre de Cent Ans, assista impuissant à la mainmise sur le château de Précy par le « Bastard de Chevreuse ». Le maréchal de Boussac le délogea en 1430 après la mise à mort de la plus grande partie des Anglais... et « ainsi fût la forteresse démolie ». (Enguerand de Monstrelet. Chroniques du XVe Siècle).
Cathédrale de SenlisLouis de Précy épousa Catherine de Nantouillet. Ils n'eurent pas d'enfants. Le 7 juillet 1451, il fit don de la seigneurie de Précy et de plusieurs autres terres, à son cousin Gilles de Saint Simon, seigneur de Rasse, dont l'ancêtre participa à la bataille de Bouvines (1214).
Ce sont ses armoiries qui figurent sur le socle de la statue de la Vierge en l'Eglise de Précy.
On voit, par ce survol historique, que les croisades et les batailles de tous genres ont fortement marqué la vie des seigneurs de Précy, de ce fait souvent absents de leur château.
On sait que les croisades amorcèrent la fin de la noblesse. Les croisés, endettés pour financer leur départ en Terre Sainte, furent souvent obligés de vendre des terres à leurs vassaux ou l'affranchissement de leurs serfs. Parfois, le croisé fait prisonnier fut racheté par cotisation spontanée de ses paysans qu'à son retour il affranchit tous.
A la fin du XVème siècle, lorsque Gilles de Saint Simon devient seigneur de Précy, il ne devait hériter que d'un castel féodal démoli, d'une église pour les trois quarts ravagée par l'incendie et de quelques maigres terres appartenant encore à la ferme seigneuriale. Il fut bailli de Senlis et fut, à ce titre, inhumé en « la Chapelle du grand Bailly » en la Cathédrale de Senlis (1471).

Louis de Saint Gelais
Seigneur de Précy 1570-1589
(1513 - 1589)

 

Louis de St GelaisLe plus attachant seigneur de Précy est sans aucun doute le fils naturel du roi François ler, demi-frère du roi Henri II, et oncle des rois François II (+1560), Charles IX (+1574) et Henri III (+1589).
Le futur roi François ler avait dix-huit ans lorsqu'il succomba aux charmes de la belle Jacquette de Lansac, épouse d'Alexandre de Saint-Gelais, chambellan et conseiller du roi Louis XII. Ce diplomate apprécié à la Cour de France fut très souvent absent de son foyer à cause des missions qui lui furent confiées. Son épouse Jacquette devint ainsi pour un moment l'ensorcelante maîtresse du jeune François d'Angoulême à qui elle donna un fils, Louis, qui porta le nom de son mari Alexandre de Saint-Gelais de Lansac
Francois IerFrançois, marié à Claude de France, fille du roi Louis XII, succéda à son royal cousin, mort sans descendance. Lorsqu'en 1522 Alexandre de Saint-Gelais mourut, François Ier nomma aussitôt son jeune fils Louis, qui n'avait que neuf ans, comme garde du sceau de la Chancellerie de Bordeaux et confia à Jacquette la jouissance de ses revenus sa vie durant. Né en 1513 à Cornefou ou à Cognac, le jeune Louis, on s'en doute, reçut une éducation princière. Dans le contexte de la Renaissance, il reçut une formation humaniste. Il parlait l'italien, l'espagnol, le latin, l'anglais et l'allemand, et fut aussi habile avec son épée qu'avec son cheval.
Louis était un homme sensible, amateur éclairé d'art et de lettres, séduisant, d'une intelligence remarquable, éloquent, et poète à ses heures. Son portrait de l'atelier de François Clouet, au musée du Louvre, nous le présente plein de réserve et de distinction. (Inv. 3270. B. H. 0, 315X1).
Lansac est également un homme de guerre, un militaire qui gravit tous les grades. Présent aux batailles de François Ier contre Charles Quint ou pour organiser la représentation de la Guyenne à propos du sel, il est toujours prêt à défendre les intérêts du roi. Il est renvoyé en mission à Londres pour sonder les prétentions d'Élisabeth, reine d'Angleterre sur l'Écosse, dont la reine Marie Stuart, âgée de neuf ans, est fiancée au futur François Il qui a sept ans. C'est également lui qui est chargé d'instruire Édouard VI de la position française en faveur de l'Écosse pour que Marie Stuart garde son royaume.
Charles QuintAmbassadeur extraordinaire à Rome, il est chargé de renouer  les liens diplomatiques avec le pape Jules III et d'obtenir sa neutralité dans le combat contre Charles Quint. « Jules III remercia Henri II de la bonne grâce de son envoyé et lorsque M. de Lansac prit congé le 28 juillet, le Pape détacha de son doigt un diamant précieux et lui offrit. » (Sauzé de Lhoumeau).

Il fut maire de Bordeaux de 1556 à 1557. C'est lui qui conduisit le cortège funèbre portant à Saint Denis son jeune roi François qui fut à la fois son neveu, son élève et son roi.
En 1559, il accompagne Élisabeth de Valois, la jeune soeur du roi, donnée à quatorze ans comme épouse à Philippe II d'Espagne. Conscient que la transaction était purement politique, Saint-Gelais qui fut interprète à la cour d'Espagne, fit en sorte qu'elle soit traitée avec les honneurs dus à son rang. Il ne la quitte qu'en 1560. Elle mourut en 1568.
Jules IIILouis de Lansac fut en somme un fin politique lié aux évènements complexes de ce XVIe siècle. Sa correspondance politique a été publiée par Sauzé de Lhoumeau dans les « Archives historiques du Poitou » - Tome 33, 1904. A.D.D.S.
Il eut huit enfants : quatre avec sa première femme, Jeanne de la Roche-Andry (1563) et trois de son second mariage en 1565 avec Gabrielle de Rochechouart, puis un fils naturel, Urbain, né en 1540, qui deviendra évêque de Saint Bertrand de Cominges.

Joachim du BellayC'est grâce à Antoine de SAINT-SIMON, dont la famille et les ancêtres étaient à l'honneur à la cour de François Ier, que Louis de saint Gelais a pu acquérir en 1570 la seigneurie de Précy avec ses droits et dépendances à Bonqueval et Blaincourt. Cent vingt ans auparavant, Louis de Précy, n'ayant pas de descendants, avait également cédé la seigneurie de Précy aux SAINT-SIMON de ROUVROY qui, les uns après les autres, ont très peu habité le château de Précy en ruines.
Précy devint alors la résidence préférée de Louis de Saint Gelais, même si ses autres châteaux étaient plus grandioses ou luxueux. Il aimait séjourner à Précy pour s'y reposer loin du tumulte et des intrigues de la Cour. Joachim du Bellay, le poète des regrets, qu'il avait rencontré dans son ambassade à Rome, lui dédia une Ode de 144 vers où il l'appelle « l'Honneur de Saintonge ». Ronsard, puis Montaigne, furent ses hôtes en 1573 au château de Précy. Son fils s'était marié avec la fille du Seigneur d'Azay-le-Rideau. Ceci explique sans doute pourquoi Louis de Saint Gelais fit appel aux maîtres d’oeuvre d'Azay-le-Rideau pour construire son manoir à Précy sur l'emplacement du castel féodal démantelé et en grande partie démoli vers 1430.
Catherine de MedicisC'est également lui qui fit reconstruire trois des cinq nefs de l'église de Précy, incendiée par les Anglais au cours du XVe siècle pendant la guerre de Cent ans.
Parmi les missions délicates confiées par Catherine de Médicis agissant au nom du Roi, il en est une qui concerne la succession du trône. À ce moment, Louis de Lansac était tombé en disgrâce auprès du Roi. En 1581, devant les dépenses somptuaires d'Henri III, il n'a pas hésité à lui reprocher l'énormité des taxes que le peuple avait à supporter. Le Roi l'avait fort mal pris et avait prononcé à son encontre des paroles fâcheuses. Lansac en tomba gravement malade.
Les politiques et les aristocrates étaient divisés. Certains souhaitaient une république, d'autres une substitution de branche : Henri III détrôné au profit des Bourbons ; les uns penchant pour Henri de Bourbon, roi de Navarre, les autres pour son oncle le Cardinal Charles de Bourbon.
Cette guerre de succession connut différents soubresauts. Henri III, l'efféminé aux nombreux mignons, hésita entre la Ligue Catholique soutenue par les Guise, et les Huguenots soutenus par Henri de Bourbon, le béarnais.
Henri IIILouis de Saint-Gelais, ambassadeur auprès du Saint-Siège, avait assisté au Concile de Trente. Il en était revenu après une humiliation diplomatique, puis il avait à nouveau été envoyé à Rome pour acheter les suffrages (les voix) du Conclave en faveur du candidat français, le Cardinal archevêque de Canterbury, qui joua un rôle très important dans la lutte contre le protestantisme. Il avait échoué dans cette mission mais, cette fois-ci, avec le concours de la Ligue Catholique et le soutien du Roi Philippe II d'Espagne, il revendiquait le trône de France pour le Cardinal de Bourbon.
Charles de Bourbon était évêque de Beauvais depuis le jour où Charles IX s'était pressé de remplacer l'évêque Odet de Châtillon qui était passé au Calvinisme. Il voulait un évêque prêt à extirper le protestantisme de Beauvais (1569) et utilisait ainsi Saint-Gelais pour faire croire qu'ils voulaient imposer les Décrets du Concile de Trente alors qu'en réalité les évêques Gallicans, tout comme les Huguenots, contestaient la suprématie pontificale. Quant à Saint-Gelais, sa position était hésitante.
Massacre de St BarthelemyEntre-temps, le Duc de Guise s'était autoproclamé lieutenant de l'état royal et de la couronne de France. Il essaya dans un dernier soubresaut d'imposer le Cardinal Charles de Bourbon comme « Bon Roi de France » sous le nom de « Charles X ». Il devait prendre possession du trône aussitôt qu'on l'aurait sauvé de la prison où ses ennemis le retenaient. Ce remue-ménage ne servit à rien. Catherine de Médicis y mit alors son grain de sel.
Elle décida de marier sa fille Margot (Marguerite de Valois) au roi Henri de Navarre en exigeant la conversion du Béarnais. Ce fut fait le 19 août 1572. Le 23 août, le roi convoqua le Conseil privé qui décida de la Saint-Barthélemy. Louis de Saint-Gelais « est même de ceux qui tiennent la main-forte à l'entreprise ». (De Thou). Henri de Navarre avait échappé à la sanglante Saint-Barthélemy et à beaucoup d'autres tentatives d' élimination.
Paris, asservi par les ligueurs, était sur le point de tomber quand la foule, dans un sursaut de révolte et d'écœurement, se dressa contre Henri III qui avait commandité l'assassinat du duc de Guise. Le prince de Condé voulut lui aussi une revanche personnelle contre le roi et ses mignons sodomites. Comment pouvait-il oublier que le duc d'Anjou, l'actuel roi de France, avait fait porter sur le dos d'une ânesse, le cadavre de son père assassiné à la Bataille de Jarnac (1569), bras et jambes pendantes, et qu'il avait ainsi laissé exposé aux insultes des Catholiques devant une église. On avait, à la mort de ce prince protestant, chanté le Te Deum dans toute la France. Le peuple, écoeuré et ruiné par les guerres, réclama la mort du roi tyran. Dans les églises, on chantait des psaumes de pénitences pour obtenir une intervention divine.
Jacques ClémentLes curés plaçaient le portrait du roi sur les autels et faisaient des cérémonies d'envoûtement comme s'il était l'incarnation de Satan.
Paris ne manquait pas de fanatiques hantés par l'idée du meurtre. Jacques Clément, un Jacobin de vingt-trois ans, décida de passer au régicide. On lui obtint un passeport. Introduit dans la chambre du roi, il se prosterne, demande d'écarter les gens pour délivrer un message secret au roi. Comme le roi se penche alors vers lui pour mieux l'entendre, il lui donne un coup de poignard dont il devait mourir. Le roi mourant eut le temps de convoquer Henri de Navarre pour l'engager à se convertir au catholicisme. Il l'embrassa et le reconnut comme son successeur.
Armoiries St GelaisL'assassinat d'Henri III jeta l'armée royale dans la stupeur et la consternation. Que faire ? Un fait était certain : la couronne appartenait de droit à Henri de Bourbon, roi de Navarre, alors que toute la Cour savait que Louis de Saint-Gelais était le seul fils naturel survivant du roi François Ier. Seulement, il n'avait pas la légitimité...
Puis, sur la promesse formelle par laquelle Henri de Navarre s'engageait à maintenir la religion catholique et à ne permettre l'exercice du culte calviniste que conformément aux décrets du défunt roi, la presque totalité de l'armée le proclama roi de France sous le nom d'Henri IV et lui prêta serment de fidélité.

Le corps d'Henri III fut conduit à Compiègne pour y être déposé provisoirement. Nicolas Fumée, évêque de Beauvais, accompagnait Henri IV et célébra les funérailles du roi assassiné. Quand le cortège funèbre traversa le Beauvaisis pour se diriger vers Compiègne, Clermont lui refusa de passer près de ses murs. Indigné par ce refus, Henri IV se vengea de l'affront qu'on venait de lui infliger et prit de force le château et la ville.
Henri IVLouis de Saint-Gelais s'était entre-temps retiré des affaires publiques et s'était réfugié à Précy. En 1586, son château de la Motte fut assiégé par les Huguenots et celui d'Exoudun pris par le roi de Navarre. Sa santé fortement ébranlée ne lui permit pas de surmonter les échecs et les épreuves. Il mourut au château de Précy le 5 octobre 1589. Il fut inhumé en l'église de Précy où son mausolée fut détruit et sa sépulture violée pendant le vandalisme de la terreur révolutionnaire. Son écu figure sur la façade nord de l'église et ses armoiries trônent dans la tour hexagonale du château de Précy. Il portait écartelé au premier et au quatrième d'azur à la croix alaisée d'argent, qui est de Saint-Gelais, et au deuxième et au troisième burelé d'argent et d'azur des dix fasces, au lion de gueules, armé, lampassé et couronné d'or, qui est de Lusignan. Un cordon entoure son blason. C'est celui de l'Ordre du Saint Esprit que le roi Henri III avait créé en 1578 pour honorer ceux des courtisans qui combattaient les protestants. Pour ses adversaires qui réclamaient à un moment donné des preuves de sa haute noblesse, il met sur son blason à côté de la croix des Saint-Gelais, les armes des Lusignan, ses ancêtres, et sur son heaume figure la fée Mélusine dissimulant une partie de sa queue de serpent dans le cuvier de son bain.

Armes St Gelais de LusignanAvec la mort de Louis de Saint-Gelais de Lusignan, une page est tournée, un siècle est passé. Coligny était massacré à la Saint Barthélemy (1572), Marie Stuart avait été décapitée (1587), le duc de Guise était assassiné (1588), Catherine de Médicis devait mourir quelques jours après son fils le Roi Henri III poignardé en août 1589. Henri de Navarre abjure définitivement le protestantisme (1593), se fait sacrer roi à Chartres et fait son entrée triomphale à Paris en 1594. Il fut roi de France jusqu'au 14 mai 1610 lorsqu'il fut à son tour assassiné par Ravaillac qui croyait ainsi sauver la religion catholique.
Ce XVIe siècle reste dans l'Histoire du catholicisme un des plus sombres et des plus sanglants. Ce fut un siècle d'embrouilles tragiques tant sur le plan intérieur où les abominables guerres de religion divisaient les Français, que sur le plan extérieur où toute l'Europe s'unit pour résister à l'envahisseur ottoman qui veut imposer l'islam
Le conflit entre l'Europe chrétienne et le monde islamique inaugure à ce moment-là l'interpénétration sanglante et parfois terroriste de ces deux civilisations à travers les siècles.